Il est très difficile de quantifier le phénomène de la contrebande en Tunisie. Cette quantification n’est pas impossible mais reste approximative vu l’ampleur du phénomène.
Néanmoins, il est important de préciser que la contrebande et l’informel sont des activités « structurées » du point de vue de leur organisation. Des barons organisent des créneaux occultes et supervisent des réseaux agissant pour leurs comptes, généralement, selon un modèle pyramidale quasi mafieux.
Deux catégories de trafiquants existent : des barons de contrebande qui ont des activités informelles mais qui se rapprochent du commerce de produits existants sur le marché formel. D’autres barons sont impliqués dans le trafic criminel de produits illicites tels que les armes, la drogue, etc.
En somme et selon les indicateurs de la banque centrale de Tunisie (BCT), le volume global de la monnaie circulant hors circuits financiers formels et stocké dans sa majorité par les contrebandiers, est de l’ordre de 13800 millions de Dinars, ce qui représente 65% de la masse monétaire centrale.
D’après des estimations officielles, à ce montant colossal, s’ajoute aussi environ 4000 millions de dinars qui correspondent à des flux monétaires qui circulent aux zones frontalières entre la Tunisie et l’Algérie, d’une part et entre la Tunisie et la Libye, d’autre part.
Au vue de ces données, deux constats importants méritent d’être mis en relief : le premier porte sur l’ampleur du phénomène qui a détruit plusieurs secteurs clés à l’instar de l’industrie, le commerce, etc. Le deuxième est l’importance du pouvoir des contrebandiers qui ont tout envahi notamment le palais du Bardo et qui ne cessent de noyauter la vie politique et l’administration par la corruption et les relations douteuses.
Ce phénomène devenu monstrueux avec des complicités à tous les niveaux fait que le fait de parler aujourd’hui d’une solution à ce fléau en Tunisie relève du miracle ou presque…
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