En Tunisie, la production des engrais, principalement, par le groupe chimique tunisien est très aléatoire et perturbée depuis des années par plusieurs facteurs liés principalement à la situation financière du groupe et aux troubles sociaux et les grèves dans les unités de production de la compagnie phosphate Gafsa au bassin minier.
Des ruptures de stocks et des pénuries des engrais sont constatées depuis une longue période et le phénomène continue à sévir privant les agriculteurs de plusieurs matières premières de base vitales pour le secteur.
Grave pénurie
Le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche n’a cessé d’assurer la disponibilité des engrais essentiels, en particulier l’ammonitrate et le dioxyde de phosphate (DAP), auprès du Groupe chimique tunisien.
Le ministère a constamment affirmé aussi que la distribution des engrais, se poursuit, appelant les agriculteurs à coordonner avec les points de ventes officiels dans tous les gouvernorats, pour acquérir leurs besoins.
Néanmoins, le pays vit actuellement une grande pénurie en engrais notamment le DAP et l’ammonitrate. D’ailleurs, l’Union tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP) a annoncé aujourd’hui jeudi 22 septembre 2020 dans un communiqué avoir constaté un manque flagrant d’engrais sur le marché, notamment le D.A.P, qui est quasi-inexistant, bien qu’il constitue un facteur essentiel en matière de semailles et impacte, grandement, la rentabilité des différents secteurs de production agricole, notamment les grandes cultures.
De nombreuses régions céréalières n’ont pas été, approvisionnées jusque-là, en ce produit, ce qui a donné lieu à la désaffection d’un grand nombre d’agriculteurs envers l’achat des semences sélectionnées, qui nécessitent la disponibilité des engrais, en temps opportun, avec les quantités requises, souligne l’organisation.
La situation de pénurie des engrais et autres intrants agricoles était attendue surtout qu’une étude récente de l’Institut Arabe des Chefs d’entreprises (IACE) a révélé sur la base d’une enquête menée avec l’UTAP une grande appréhension des agriculteurs quant aux difficultés qui les attendent lors de cette saison agricole, puisque 67% des agriculteurs interrogés s’attendaient à une pénurie de semences au début de celle-ci alors que 44% parmi eux s’attendaient que la pénurie touche la quantité et certains types de produits.
83% d’entre eux s’attendaient à une pénurie de nitrate d’ammonium et à une hausse de ses prix.
Impact désastreux sur la saison agricole
Les agriculteurs affirment que la volonté des principaux acteurs du secteur d’augmenter la production se heurte à de nombreuses difficultés, notamment le manque de semences améliorées à haut rendement et le coût élevé de la production.
Pour mémoire, les prix des engrais agricoles ont été augmentés en juillet 2021, de 30 à 50%. Ainsi, le prix de l’ammonitrate est passé à 620 dinars /tonne contre 430 dinars / tonne auparavant. Le prix du DAP (Di-Ammonique Phosphate) est passé de 530 dinars / tonnes à 690 dinars / tonnes. S’agissant de celui du Super phosphate triple, le prix a atteint 600 dinars / tonne contre 460 dinars / tonnes.
Cette augmentation a été fortement critiquée les professionnels du secteur ayant estimé que l’agriculteur tunisien ne peut pas supporter ce coût.
Septembre 2021, un accord a été conclu entre le ministère de l’Agriculture et l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) afin de fournir suffisamment d’engrais, aux agriculteurs. Selon le ministère, les deux parties ont également convenu de fixer le coût de vente aux producteurs, afin de lutter contre la hausse des prix.
Jeudi 7 septembre 2022, le directeur central au Groupe chimique Tunisien, Abdelhafidh Ben Othmane, a déclaré le démarrage imminaent de l’approvisionnement à un rythme régulier du marché, en intrants agricoles utilisés dans les grandes cultures.
Ben Othmane a indiqué que le stock disponible d’ammonitrate est d’environ 60 mille tonnes soit 25% des besoins des agriculteurs, précisant qu’une quantité supplémentaire sera par la suite distribuée aux agriculteurs.
Les ministères de l’Industrie, du Commerce et de l’Agriculture ont annoncé quant à eux le gel des prix des engrais chimiques destinés à la production agricole, en dépit de l’augmentation des cours sur le marché international et les pertes supportées par le groupe chimique, dans le but d’assurer une bonne saison agricole, selon une communication conjointe.
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