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Tunisie : Le chef du gouvernement signe l’arrêt de mort de la fonction publique

Tunisie : Le chef du gouvernement signe l’arrêt de mort de la fonction publique

Un accord portant régularisation de la situation des travailleurs des chantiers a été signé hier, mardi 20 octobre 2020, au siège du ministère de la Fonction publique par des membres du gouvernement Mechichi et une délégation de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), présidée par Noureddine Taboubi, Secrétaire générale de l’Union.

En vertu des dispositions de cet accord, la situation d’environ 31 mille travailleurs de chantiers sera régularisée. Cela veut dire qu’ils feront désormais partie de l’armada des fonctionnaires dont le nombre est estimé à 644 772, selon le projet de la loi des finances 2021. Ce nombre n’inclut évidemment pas les 95 749 employés de quelques 31 entreprises publiques en Tunisie.

Revenons à l’accord, qualifié d’ailleurs d’historique, celui-ci renferme trois chapitres : le premier concerne les personnes de moins de 45 ans ; le second, la catégorie de plus de 45 ans jusqu’à 55 ans ; et le troisième les plus de 55 ans.

Aucune information n’est disponible sur l’impact financier de l’accord, et pour cause ceci n’a pas d’importance pour Mechichi et son gouvernement qui le considèrent comme le « couronnement d’un important processus de dialogue, marqué par la concertation et la coopération » entre les parties gouvernementale et syndicale, tout en affirmant que le gouvernement tient, ainsi, « son engagement à rompre avec le travail précaire ».

Rappelons que la « générosité » de Mechichi en ce qui concerne les augmentations salariales et l’octroi des avantages aux fonctionnaires n’a pas de limite.

Outre le dernier décaissement de millions de dinars au titre d’accroissement de salaires et la révision à la hausse des émoluments des gouverneurs, juste quelques semaines après sa nomination, le chef du gouvernement et les membres de son gouvernement commencent à s’entourer d’une pléthore de conseillers « indispensables » pour assurer le bon fonctionnement de l’administration.

A son tour, Hasna Ben Slimene, la ministre de la Fonction publique a déclaré, récemment, que le gouvernement se penche sur l’élaboration d’un projet de décret permettant de revoir à la hausse les salaires de certaines catégories de « hauts fonctionnaires » afin de les motiver davantage et recruter de nouvelles « compétences » du secteur privé…il s’agirait en réalité de planquer des responsables issus des partis politiques et de multiplier leurs salaires et avantages financiers plusieurs fois vu que les salaires actuels de la fonction publique ne sont pas assez intéressants.

Ce décret ségrégationniste qui bafoue les principes d’équité et de mérite dans la fonction publique, créera une nouvelle caste de privilégiés, endiguera définitivement des milliers de carrières, enterrera la méritocratie et bloquera définitivement tout ascenseur social ou ce qui en reste.

Cependant, la ministre a annoncé que les textes d’application de la loi n° 27/2020 relative aux dispositions exceptionnelles de recrutement systématique dans le secteur public des chômeurs diplômés du supérieur qui ont passé une période de chômage de dix ans au moins, entreront en vigueur au plus tard au début de l’année prochaine. Aucune précision n’est disponible à propos du nombre des bras cassés qui seront recrutés ni du coût de leur recrutement.

Le choix des solutions faciles et complaisantes vis-à-vis des contestations « sociales », de certains partis politiques au pouvoir et des syndicats ne feront qu’inonder la fonction publique de bras cassés et détruire les équilibres déjà fragiles des finances publiques.

Certes les problèmes de la fonction publique n’ont pas commencé avec le gouvernement Mechichi mais bien avant et surtout avec les gouvernements de la tristement célèbre Troïka qui a submergé l’Etat par des centaines de milliers de « recrutements » inutiles, voire fictifs et essentiellement partisans. Toutefois, les mesures du gouvernement Mechichi terminent le processus commencé par la Troïka et achèvent la destruction de la fonction publique.

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