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Tunisie – Le lobby des voitures administratives sévit sans relâche !

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Un « lobby » des voitures administratives en Tunisie n’est pas une fiction, c’est plutôt une réalité qui n’a rien de secret pour personne. Au fait, malgré les promesses des gouvernements successifs de résoudre ce gouffre financier qui saigne les caisses de l’Etat, aucune mesure n’a été prise dans ce dossier opaque et complexe.

Vu les milliers de voitures administratives dégradées qui sillonnent les routes et dont certaines ressemblent plus à des épaves qu’à des véhicules, on ne peut que se poser la question quant au coût de la gestion du parc automobile public et à l’impunité accordée à ceux qui jettent l’argent public par la fenêtre.

D’ailleurs, les abus à ce niveau sont de tout genre : vol de pièces de rechange, utilisation à des fins personnelles même par les membres de la famille du fonctionnaire, transport de marchandises, renouvellement permanent de la flotte des voitures même si elles sont neuves, trafic de maintenance et de gestion des bons de carburants, etc.

Le lobby des voitures administratives se voit même garantir assurances, entretien, approvisionnement en carburant et autres consommables au frais de l’Etat.

Tout vrai débat sur l’utilité effective de l’octroi de ces avantages à certaines catégories des agents de l’Etat est étouffé malgré des frais de fonctionnement faramineux qui se sont élevés durant le premier semestre de cette année seulement, d’après les données du ministère des Finances, à 557 millions de dinars (MD), en dépit de deux mois de confinement.

Notons aussi que cette question de gestion du parc auto des fonctionnaires a été évoquée, d’une manière détaillée, au 31ème rapport de la Cour des comptes, publié fin décembre 2018.

Le rapport a révélé qu’une opération de suivi de voitures administratives a montré une surconsommation de carburants qui peut atteindre jusqu’à 25%. Il a exposé, sur un autre plan, qu’en 2016, le parc des voitures administratives comptait 37.710 véhicules, avec une moyenne de 1.628 voitures supplémentaires acquises annuellement à partir de 2009.

Le Haut comité de contrôle administratif et financier (HCCAF), a évoqué, dans son 25e rapport annuel présenté au mois de juin 2019, plusieurs fautes et défaillances concernant essentiellement, l’inventaire des parcs existants, l’affectation des véhicules, les procédures d’assurance et de réassurance et la gestion des achats des véhicules.

Par ailleurs, l’expert auprès l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) coopérant avec le HCCAF, Mohamed Amr, a insisté sur la lourdeur des dépenses allouées chaque année pour les voitures administratives.

Il est certain que qu’il faut mettre un terme à l’exploitation abusive du parc automobile public utilisé par l’effectif pléthorique de fonctionnaires dont les salaires ont augmenté à fin juin dernier de 14% à 9451 millions de dinars malgré la situation désastreuse des finances publiques et mettre fin aux agissements de ce lobby qui dilapide l’argent public en toute impunité et dans un silence louche et étonnant. Mais qui osera briser cette omerta?

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek