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Tunisie: Le ministère de l’Education réussira-t-il à détruire ce qui reste du système éducatif?

Tunisie: Le ministère de l’Education réussira-t-il à détruire ce qui reste du système éducatif?

Au lendemain de l’indépendance, la Tunisie n’a pas choisi de donner la priorité à l’armement. La démocratisation de la santé et de l’éducation étaient les principaux piliers du « Bourguibisme ».

Ainsi la loi du 4 Novembre a été promulguée. Elle était destinée à permettre l’avènement d’une « école nouvelle, moderne, unifiée, gratuite et universelle ». Personne ne contestera que grâce à cette réforme, l’école est devenue,  omniprésente, même dans les zones les plus reculées.

Le pays avait parié sur le capital humain et choisi de se battre contre l’ignorance et l’analphabétisme, une mission qu’il a réussi à mener à bien jusqu’à pas longtemps, avec un système éducatif de qualité, des diplômes reconnus dans le monde entier et une certaine équité entre élèves.

Le premier baccalauréat après l’indépendance fût organisé le 31 mai 1957. Ce précieux “Sésame” était reconnu dans plusieurs pays et faisait la fierté des bacheliers tunisiens qui avaient une porte grande ouverte aux universités étrangères les plus prestigieuses… Le “Bac tunisien” était plus qu’une fierté, un ticket gagnant, la clé de l’ascenseur social,….

Toutefois, cette éducation de qualité ayant fait la renommée de la Tunisie et qu’on prenait pour acquise a commencé à se détériorer quelques années avant la révolution pour poursuivre sa dégradation vertigineuse, un peu plus chaque année.

Le ministère de l’Education qui jouissait à une époque de plus de 25% du budget de l’Etat a perdu de son éclat et les établissements scolaires ne réussissent même plus à assurer la protection des élèves et du cadre enseignants.

Grèves et absentéisme

Les parents dont les enfants fréquentent des écoles publiques le savent: Il est devenu impératif de s’assurer que le professeur est bien arrivé pour y laisser son enfant.

En effet, si avant les parents n’avaient aucune crainte quant à la sécurité de leur progéniture une fois à l’intérieur de leur établissement scolaire, les choses ont beaucoup évolué ces dernières années, et pas en s’améliorant.

En cas de grève ou lorsque le professeur s’absente sans laisser de préavis, les élèves, y compris les plus jeunes d’entre eux, sont lâchés dans la nature, sans que personne ne prenne la peine d’appeler leurs parents.

Hier encore, face à la poursuite de la grève des surveillants et des agents administratifs, les élèves internes dans certains lycées, se sont vu obligés de quitter les foyers dans lesquels ils résident. Certains d’entre eux habitant loin des internats ont même été dans l’impossibilité de rentrer chez eux.

Propagation du coronavirus dans les établissements scolaires

La situation épidémiologique est devenue alarmante dans certains établissements scolaires. En effet, au cours d’un dépistage par tests rapides opéré de façon aléatoire au lycée El Menzah 6, les autorités sanitaires ont découvert 50 personnes contaminées sur l’ensemble des 70 tests réalisés ce jour-là.

Le pire dans cela, c’est que cette découverte n’entre pas dans le cadre d’une stratégie de dépistage appliquée dans les différents établissements.

Le choix du lycée El Menzah 6 a été tout ce qu’il y a de plus hasardeux et aléatoire; ce qui nous laisse, nous autres parents, très perplexes par rapport aux méthodes utilisées par le ministère. Confierait-il le sort de nos enfants au hasard?

Et la qualité de l’enseignement ?

Il semble logique de croire que des institutions incapables d’assurer leur rôle le plus élémentaire, c’est à dire la protection des élèves, seraient inaptes de réussir à offrir un enseignement de qualité.

Une batterie de mesures ont été déployées pour éviter la propagation de la COVID-19: Système de groupes, programmes allégés, pas de cours d’éducation sportive et on en passe. Entre temps, des cours particuliers par contingents et en présentiel s’il vous plaît! Au vu et au su du Ministère.

Interrogé sur les ondes d’une radio privée à propos des cours particuliers en période de COVID-19, Lassaad Yaacoubi, Secrétaire général du Syndicat de l’enseignement secondaire, a invité le Ministère de l’Education à simplement appliquer la loi.

Qu’à cela ne tienne! Les examens du premier trimestre ont eu lieu alors que les élèves n’ont presque rien étudié et le ministère de l’Education refuse d’opter pour le système semestriel pour garder les apparences intactes.

Le bilan que l’on nous forcera à croire est que cette année scolaire s’est déroulée de façon normale malgré la situation sanitaire difficile, voilà ce qu’ils diront à la fin de leur mandat.

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