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Tunisie : Le «mystère» des réserves constantes en devises continue !

Tunisie : Le «mystère» des réserves constantes en devises continue !

En dépit de la fragilité de la situation économique en Tunisie et de la détérioration des finances publiques sur fond d’un état imminent d’insolvabilité, suite à la demande officielle de rééchelonner des dettes extérieures, les réserves en devises restent constantes à environ 137 jours d’importations, soit l’équivalent de 21 milliards de dinars.
Il s’agit là d’une situation « mystérieuse » et paradoxale, au sens des normes monétaires locales et internationales.

Les réserves internationales comportent, d’après les notes méthodologiques des statistiques financières de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), la situation à la fin d’une période donnée des avoirs bruts en devises, en or, en droits de tirages spéciaux (DTS) – qui sont des actifs de réserve international – ainsi que de la position de réserve au Fonds monétaire international (FMI).

Selon la BCT, les réserves en devises sont considérées comme un filet de sécurité financier et sont utilisées pour subvenir aux besoins stratégiques de liquidité de l’économie en cas de pression sur les comptes extérieurs.

Cependant, la situation des comptes extérieurs n’a cessé de se dégrader tout au long de ses dernières années, d’ailleurs, d’après les chiffres de l’Institut national de la statistique (INS), les échanges extérieurs aux prix courants à fin juin dernier, sont en baisse ce qui a engendré un déficit de 6602,8 millions de dinars.

En outre, les chiffres officiels montrent que les recettes touristiques ont baissé de 1571.4 millions de dinars à la fin du mois de juillet écoulé par rapport à la même période de l’année précédente et que les transferts des tunisiens à l’étranger étaient faibles et n’ont pas dépassé 2891.2 millions de dinars et ce, contre le paiement d’un service de dette extérieure pour 5677.5 millions de dinars. Quant aux flux des investissements étrangers, ils sont pratiquement aux abonnés absents, dès le début de l’année.

Il va de soi que les réserves en devises doivent normalement baisser.

Néanmoins, le « stockage » par la BCT, des crédits extérieurs d’une enveloppe de 3939.3 millions de dinars obtenue durant le premier semestre au compte des réserves en devises à laquelle s’ajoute une autre enveloppe de 2625 millions de dinars de prêts contractés auprès de banques locales, ne peut que faire garder constant le niveau des réserves.

Faut-il rappeler aussi que ce « stockage » est « efficace » du fait que les dépenses d’investissements directs de l’Etat prévues au budget de l’Etat de l’année en cours n’ont pas dépassé fin juin dernier 825 millions de dinars ce qui représente un montant quasiment insignifiant (256 millions d’euros), d’autant plus qu’il est en baisse de 49.4% par rapport à juin 2019.

Le fait de maintenir un niveau plus ou moins adéquat de réserves en devises sans investissement public rien que pour échafauder une situation monétaire délabrée est une manœuvre qui ne peut que retarder la chute du système financier national qui souffre, non seulement de la détérioration de ses fondamentaux mais surtout de pratiques de camouflages d’une réalité désastreuse que les observateurs n’ont cessé de dénoncer.

Sur un autre plan, la question de l’indépendance de la BCT consacrée par la loi 2016-35 commence à montrer ses limites du fait de l’accumulation de plusieurs interférences difficilement gérables.

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