Toute la région, pour ne pas dire tout le sud tunisien, avec ses citoyens, son administration, son personnel soignant, attendait avec impatience l’aboutissement du projet de l’édification du nouvel hôpital de Sfax. Il faudrait savoir, aussi, que ce projet a été réalisé pour prendre le relais sur les anciens hôpitaux de Sfax qui commençaient à se délabrer avec le passage des années, et des milliers de patients.
Et à la dernière ligne droite avant l’arrivée de ce sacré marathon réalisé, malgré les embuches d’après la révolution, grâce, essentiellement, à la ténacité des amis chinois, ne voilà-t-il pas que ce projet en entier, et qui était tellement attendu, est détourné de sa vocation première, et attribué aux militaires.
S’il est vrai que la santé militaire a besoin de s’étendre et de couvrir d’une meilleure façon les soldats et officiers un peu partout dans le pays, il est évident que ce nouvel hôpital reste démesuré par rapport à ses besoins. D’ailleurs la santé militaire ne dispose, certainement, pas, en ce moment, du personnel médical et para médical pour faire tourner un établissement pareil. Quant à la ritournelle de permettre aux civils de se faire traiter dans ce futur hôpital militaire, tout le monde sait comment çà va se passer. Exactement comme à l’hôpital militaire de Tunis, où il faut aligner un chèque ou une prise en charge avant de pouvoir fouler ses pavés.
D’ailleurs, pour ceux qui ne s’en rappellent pas, l’hôpital militaire de Tunis, a lui, aussi, été le fruit du détournement du nouvel hôpital Habib Thameur qui commençait à tomber en ruines. Or, quelques décennies plus tard, la vétuste bâtisse de l’hôpital Habib Thameur qui menace de s’effondrer et dont tous les équipements, les ascenseurs en premier, sont en train de rendre l’âme, continue toujours de travailler et de frôler le miracle, en fonctionnant comme un établissement hospitalier.
Résultat des courses, en détournant le nouvel hôpital de Sfax, au profit de la santé militaire, la présidence de la République ne saisit, probablement, pas, qu’à part le ministre de la santé, appartenant à la santé militaire et se devant de renvoyer l’ascenseur à ceux qui l’ont fait nommer, elle va causer le mécontentement de tout le monde.
Les sfaxiens ne décolèrent pas, surtout ceux qui ont eu la malheureuse idée de faire don du terrain sur lequel a été édifié l’hôpital. Les personnels soignants des hôpitaux de Sfax ragent de voir leur filer entre les doigts ce bijou qui allait leur permettre de continuer leur travail dans des conditions proches des normes hospitalières. Les malades issus de tout le sud est du pays désespèrent de pouvoir se faire traiter dans cet établissement qu’ils ont tant attendu. Sans oublier les amis chinois qui ne doivent, certainement, pas approuver ce qu’il est advenu de leur œuvre. Sachant, pour rappel, que cet établissement est un don de leur part. Et les chinois comme tout le monde, d’ailleurs, ont horreur qu’on détourne leurs dons pour d’autres projets que ceux programmés.
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