Aujourd’hui à Sbeitla, hier quelque part ailleurs, avant-hier aussi… Pas un jour ne passe, sans qu’un tunisien ne se donne la mort par désespoir, par amertume et à cause de la misère rampante et la pauvreté galopante qui sont en train de manger à grandes bouchées, la classe moyenne… Sans parler, bien sûr de la classe pauvre, celle qui est condamnée à mourir dans le silence total et l’indifférence de tout le monde.
Après la vague de suicides chez les jeunes qui se rebellent contre leur conditions de vie, le chômage, et l’obstruction des horizons, nous sommes passés à une vague plus grave encore, celle des suicides des adultes, les pères de familles. Ceux qui appréhendent de rentrer chez eux sans le sou et de croiser le regard inquisiteur de leurs épouses et enfants, en quête de nourriture, puisqu’on n’aspire, depuis longtemps, à plus à rien, en dehors d’un peu de nourriture, pour subsister. Ces adultes qui, même s’ils ont du travail, n’arrivent plus à boucler leurs mois, à cause de la cherté de la vie. Tiraillés entre le prix du couffin qui est devenu cauchemardesque, les factures de gaz et d’eau, les besoins urgents des enfants, ne serait-ce qu’en vêtements… Car, même les étals de friperie sont devenus inabordables !
Or, rien de tout le cirque que nous vivons depuis 2011 ne pourrait expliquer cette détérioration de la vie et cette misère insoutenable, poussant les plus fragiles à commettre l’irréparable. A part, peut-être, la dévaluation du dinar, qui a fait grimper les prix des produits d’importation et les multiples hausses des prix des carburants, qui ont fait augmenter avec eux, les prix de tous les autres produits… De toutes les manières, ceci ne peut pas, à lui seul, expliquer ce qui se passe et ce que vivent les tunisiens.
La majeure partie de la misère des tunisiens est causée par leurs semblables. Des tunisiens ou plutôt des vautours, avides d’argent et de pouvoir qui se sont ligués en des lobbies, pour saigner à blanc leur concitoyens. Une fois qu’ils auront liquidé tout le monde, vers qui vont-ils se tourner pour amasser, encore plus de fric ?
En effet, le malheur du tunisien provient, en premier lieu, de l’avidité et de la traitrise de son frère le tunisien. Le tunisien producteur, indifférent à celui qui vit et à celui qui meurt pourvu que luise fasse un maximum de bénéfices. A commencer par la base de la chaine alimentaire, c’est-à-dire, les producteurs agricoles, qui sont devenus, sous l’impulsion de leur union syndicale qui ressemble, de plus en plus, à une organisation mafieuse, intraitables et ingérables. Ils défient tout le monde, forts de leur impunité garantie par leur Union acquise aux islamistes ainsi que de l’incompétence et de l’impuissance d’un ministère qui est débordé et qui ne réagit plus à rien.
Ces producteurs en sont arrivés à jeter, à brûler, à liquider leur production, pour maintenir des prix élevés et imposer des tarifs exorbitants. Sinon, ils exigent de pouvoir exporter leur production hors du pays sous condition que cela se fasse sans aucun contrôle ni droit de regard des autorités, pour pouvoir empocher directement les devises et en disposer comme bon leur semble, sans payer aucune taxe à l’Etat.
Il en est de même, du côté de certains industriels qui entendent maintenir la barre des prix au niveau qui les arrange, à défaut de quoi, ils menacent de fermer boutique et de laisser sur le bord de la route quelques milliers de chômeurs supplémentaires…
Le tout, sans aucune réaction notable de la part de l’Etat. C’est ce qui a conduit à cette vague de dépression et de désespoir qui ronge de l’intérieur les tunisiens et qui les pousse au suicide.
Néanmoins, il faudra faire attention, car certains pourraient ne pas être d’accord pour se donner la mort, en laissant ce bas monde et ce pays aux mains des charognards,qui les ont ruinés… Il faudra agir, en toute urgence, avant que ne se déclenche ce dont tout le monde a averti : La révolte des affamés !
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