Economie

Tunisie : Les indicateurs monétaires et financiers virent complètement au rouge

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D’après les indicateurs monétaires et financiers publiés aujourd’hui lundi 1 novembre 2021 par la Banque Centrale de Tunisie (BCT), le solde du compte courant du Trésor ne dépasse pas 393,8 millions de dinars à la fin du mois d’octobre, un niveau extrêmement bas et qui n’a pas été atteint depuis des années et ce, malgré la hausse assez importante des recettes de l’Etat qui est complément consommées par les charges des salaires et autres dépenses dont principalement les avantages octroyés à des centaines de milliers de fonctionnaires (1600 millions de dinars rien qu’au cours du mois d’août).

Ce niveau du solde du compte courant du trésor engendre une pression sur les liquidités de l’état.

Les indicateurs révèlent aussi que les billets et monnaies en circulation ont connu une inflation remarquable en passant à 16820 millions de dinars. En contrepartie, le volume des liquidités injectées par la BCT dans le système bancaire et financier s’est largement accru pour atteindre aujourd’hui 8431 millions de dinars. L’encours des opérations du marché ouvert et des swaps de change, une forme de planche à billet moderne, est de l’ordre de 4513,7 millions de dinars ce qui permet de couvrir le paiement de 3 mois de salaires des fonctionnaires.

D’un autre côté, le service de la dette extérieur cumulé s’est élevé au 20 octobre 2021 à 8703,3 millions de dinars ce qui représente 41,3% des réserves en devises (21067,9 millions de dinars).

Néanmoins, les transferts de la diaspora se sont élevés à 6529,8 contre 4704,4 millions de dinars une année au paravent ce qui correspond à une évolution de 1825,4 millions de dinars soit 38,8% sachant que ces transferts ont atteint 5876 millions de dinars fin 2020, contre 5173 millions de dinars en 2019 et 2822 millions de dinars.

En dépit de la hausse des recettes du tourisme de 110,5 millions de dinars (+6,3%) à 1867,4 millions de dinars, les transferts de la diaspora ont contribué au remboursement du service de la dette extérieure à hauteur de 75,0% et représentent la première source stable des devises de la Tunisie avant les exportations agricoles, les investissements directs étrangers et le tourisme…

L’encours des bons d’Etat à fin octobre 2021 correspondant aux dettes des banques envers le Trésor public s’est situé à 20425,3 millions de dinars.

Notons, par ailleurs, que les autorités tunisiennes n’ont pas élaboré de rapport sur la dette extérieure depuis 2011 et que la situation actuelle des indicateurs monétaires et financiers devrait s’aggravée du fait de la non soutenabilité de la dette publique tunisienne dont on ignore les perspectives de son évolution en l’absence de publication de l’échéancier de son paiement.

Pour mémoire, les tirages effectués sur les crédits à moyen et long terme par la Tunisie ont atteint sur l’ensemble de la période 2011-2018 et ce, à titre indicatif, environ 50 Milliards de dinars dont essentiellement 10 milliards de dinars au titre des crédits obligataires sur le marché financier international ou garantis 8,6 milliards de dinars d’appui budgétaire mobilisés auprès de la Banque Mondiale, la BAD et la Commission européenne et 5 milliards de dinars au titre des crédits Stand-by et de la facilité élargie.

Les crédits mobilisés sont donc constitués, pour près de la moitié, essentiellement sous forme de crédits à décaissement rapide, non liés à des projets.

Ces crédits ont permis de financer des dépenses courantes du budget, notamment les salaires et la compensation surtout pour l’énergie. La mise en œuvre des réformes que l’appui budgétaire est supposé soutenir n’a jamais été faite.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek