Depuis quelques années, plusieurs experts n’ont cessé d’évoquer la nécessité de restructurer la Régie nationale du tabac et des allumettes (RNTA) au bord du gouffre.
Les employés, quant à eux, expriment leur refus de toute privatisation de l’entreprise et demandent une restructuration sur le long terme et ce, pas avant 5 ou 10 ans.
Ils sont allés même jusqu’à demander au gouvernement un engagement public au titre duquel il sera déclaré, qu’il ne procédera pas à la privatisation de la Régie du fait que ce n’est pas, d’après eux, une solution pour résoudre les difficultés.
Côté indicateurs, les produits d’exploitation sont, selon les dernières données actualisées du Ministère des Finances, de l’ordre de 339.6 millions de dinars en 2017 contre des charges d’exploitation de 378.4 millions de dinars.
Les pertes cumulées de l’entreprise s’élèvent à 250.5 millions de dinars comblées à hauteur de 79% par des avances de la trésorerie de l’Etat et le capital est négatif (-262 millions de dinars). Juridiquement, l’entreprise doit être recapitalisée ou déclarée en état de cessation de paiement.
Néanmoins, les investissements sont estimés durant la période 2016-2018 à seulement 44.8 millions de dinars, contre des dettes de 257.4 millions de dinars.
Dans ce contexte de désastre financier, le ministère des Domaines de l’Etat et des affaires foncières a publié, samedi 6 juin courant, le résumé d’un rapport d’audit relatif à la gestion de la Régie.
Le rapport indique que la RNTA n’a pas réussi sa stratégie de commercialisation des nouveaux produits et a enregistré, entre 2013 et 2014, des pertes de 33 millions de dinars sur les cigarettes importées. Elle a souffert aussi la contrebande qui représente, selon le ministère, 50% du secteur, ce qui a engendré une régression des revenus de l’Etat de 500 millions de dinars.
Toujours d’après l’audit du ministère, des agents, cadres et employés de la Régie ont bénéficié, entre 2013 et 2015, de 10 millions de paquets de cigarettes dont la valeur est estimée à 22 millions de dinars. Cette quantité de cigarettes aurait généré à l’Etat des revenus de 15 millions de dinars.
Il a été souligné, sur un autre plan, des cas récurrents de détournement des produits de la société.
La Régie a occupé durant des décennies, une place importante dans l’économie nationale, elle procure près de 30 mille sources de revenus avec des milliers d’emplois dans ses deux usines, centres de culture et centres de distribution.
En 2010, cette entreprise publique a enregistré un chiffre d’affaires de 261 millions de dinars. Depuis 2011 et jusqu’à ce jour, elle affiche constamment de grosses pertes financières et fait face à des difficultés menaçant la continuité de son activité. Entre contrebande et mauvaise gestion, les revenus de la RNTA risquent de partir en fumée pour longtemps.
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