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Tunisie – L’urgence du moment pour le système de soins : Préserver et renforcer le capital humain

Tunisie – L’urgence du moment pour le système de soins : Préserver et renforcer le capital humain

Il y a des déclarations qui doivent interpeller et alerter et ne pas passer sous silence. Comme, par exemple, celle faite il y a deux jours par un médecin chef de service à l’hôpital Abderrahmen Mami de l’Ariana. Ce médecin a déclaré que le service de réanimation de l’hôpital dédié aux covid+, ne pouvait travailler qu’à 50% de sa capacité réelle, par manque de personnel. Car, pour les lits de réanimation, l’important n’est pas le nombre de places prévues, mais, plutôt, le nombre de personnels disponibles. Puisqu’il est connu, de par le monde, qu’un lit de réanimation ne peut fonctionner sans un nombre minimum de médecins et de paramédicaux. Bien que la situation actuelle, dans ce service de l’Ariana, ne soit pas alarmante, puisque le nombre de malades n’y est pas encore, assez élevé, l’alerte lancée par ce médecin doit être prise en considération et traitée avec tout l’intérêt requis.

Il y a, par ailleurs eu, ces derniers jours, une autre anecdote qui est, elle aussi, à tenir en compte avec la même rigueur. Il s’agit du médecin qui a été contaminé à l’hôpital de Kasserine, entraînant la mise en quarantaine de tout le personnel de son service.

Ces deux faits conjugués laissent comprendre qu’on risque d’avoir des problèmes de manque de personnel soignant, au moment du pic de l’épidémie. Soit par manque initial de personnel dans certains postes et certaines spécialités, soit par indisponibilité du personnel suite à des contaminations ou maladies.

Devant ce risque que la Tunisie ne saurait courir, une anticipation, à ce stade devient vitale. Il faudrait que le chef du gouvernement prenne les décisions qui n’avaient pas parues utiles auparavant. Il devrait, à ce stade de l’épidémie et de toute urgence, veiller à mettre en place des mesures pour protéger et renforcer le personnel soignant, son armée blanche comme certains se plaisent à dire, pour éviter que tout le système de riposte à l’épidémie ne soit anéanti.

Parmi ces décisions, il y a une redistribution du personnel qui doit se faire au plus vite, pour remédier au manque constaté dans certains postes. Car si on a dédié des hôpitaux ou des services pour la prise en charge des covid+, ce n’était pas sans raison. La première était celle de pouvoir concentrer sa « force de frappe » et ses moyens au niveau de ces services. Il faudra mettre le paquet à ce niveau, en fournissant le maximum de matériel, de médicaments, de moyens de protection et en y renforçant les équipes médicales et paramédicales en y mutant du personnel qualifié exerçant, d’habitude, dans d’autres unités qui ne vont pas être très impactées par l’épidémie. Un médecin ou un technicien réanimateur seraient, par exemple, bien plus utiles dans une unité covid+, que dans l’unité postopératoire d’un service de chirurgie plastique.

La deuxième mesure à prendre, de toute urgence dans ce sens, est la division du personnel, en trois équipes, de façon à ce qu’il n’y en ait que le tiers qui travaille, en même temps. Il faut qu’il y ait un tiers qui travaille, un tiers en quarantaine et un tiers au repos à domicile ou dans un espace mis à disposition. De cette façon, si un service est contaminé, il n’y aura que le tiers du personnel soignant qui sera  mis à l’écart et le tiers d’après pourrait prendre la relève sans que l’activité du service e s’en ressente.

Le gouvernement devrait enfin, prendre une troisième décision tout aussi urgente, celle de mobiliser les équipes médicales et paramédicales qui ne sont, en principe pas concernées par la prise en charge des covid+. Comme le personnel des dispensaires, des unités de médecine scolaire, voire même, le personnel des policliniques de la CNSS, et autres… Ces personnels doivent être formés le plus rapidement possible, au protocole de prise en charge de l’épidémie, puis devront, en plus de leurs activités quotidiennes, être gardés en réserve, pour les charger, éventuellement, de remplacer le personnel dédié à l’épidémie, si jamais il se trouve dépassé ou pour les charger d’autres activités de soins, en dehors de l’épidémie. Car si celle-ci va accaparer l’attention du système de soins, elle ne doit pas priver les autres malades chroniques ou pas, de trouver où se faire soigner.

A bon entendeur… Salut !

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