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Tunisie – Maarouf ne voit pas la nécessité que les tunisiens aillent travailler…

Tunisie – Maarouf ne voit pas la nécessité que les tunisiens aillent travailler…

Récemment, Anouar Maarouf, le ministre d’Etat du Transport a déclaré que la plupart des citoyens s’étaient engagés à porter des masques le premier jour du déconfinement ciblé, soulignant la nécessité pour toutes les parties d’assumer leurs responsabilités et de respecter la distanciation sociale.

Le ministre a également évoqué que 4 mécanismes ont été mis en place pour réduire les risques de contagion par le coronavirus.

Le premier est d’empêcher les personnes sans permission de prendre les transports publics, le second est de solliciter l’aide des structures et des associations, le troisième concerne le cadre juridique qui régit le déconfinement ciblé et le décret gouvernemental qui pénalise les contrevenants tandis que le quatrième concerne la sensibilisation des citoyens.

Chose étonnante dans la déclaration de Maarouf est le fait qu’il a indiqué que si les citoyens se trouvent devant des moyens de transport pas assez vides, une  évidence que le ministre ne connaît probablement pas, il n’est pas nécessaire d’aller travailler par crainte d’une éventuelle contagion …

Il aurait dû être plus prudent dans ses déclarations dans un contexte où beaucoup de tunisiens sont restés privés de leur gagne-pain durant deux mois sans aucune indemnisation et qu’ils sont nombreux à n’avoir que les transports en commun publics ou privés pour gagner leur vie malgré la situation désastreuse du secteur, notamment dans le Grand Tunis, qui regroupe 27% de la population du pays, et son incapacité à répondre aux exigences du déconfinement ciblé.

Cette déclaration révélatrice, montre que le ministre ne connaît vraisemblablement pas la réalité du  quotidien de nombreux tunisiens qui sont obligés à s’entasser dans les transports en commun dans des conditions affreuses étant donné qu’il est leur seul moyen pour se déplacer vers leur lieu travail et que la majorité des gens, exception faites de certains hauts fonctionnaires, ne bénéficient pas de voiture de fonction ni principale ni secondaire comme lui.

Rappelons que le Cercle Kheireddine, un think tank spécialisé dans les questions économiques et sociales a organisé, au cours du mois de novembre 2019, une conférence-débat sur «La mobilité urbaine et la crise des transports publics dans la région du Grand Tunis».

Les conférenciers ont proposé plusieurs solutions pour atténuer la gravité de la crise du transport public au Grand Tunis.

Ils ont rappelé que la TRANSTU, qui exerce un quasi monopole du transport public dans la capitale souffre d’un déficit colossal qui a dépassé, en moyenne annuelle entre 2016 et 2018, 150 millions de dinars avec des dettes cumulées de 800 millions de dinars. Une situation complètement ingérable.

Il semble aujourd’hui que le Ministère du Transport – très occupé ces derniers temps par les nominations de nouveaux directeurs généraux au ministère et aux entreprises sous sa tutelle – n’est pas conscient des enjeux et défis de la crise du transport et que tout « bruit », dans ce contexte, n’a aucun intérêt puisque que la situation n’est pas aussi dramatique que l’on pense, sauf peut être dans la tête des pêcheurs en eaux troubles ou dans celle de certains usagers mécontents.

 

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