Le journaliste Sofiène Ben Hamida a annoncé, ce vendredi sur les ondes d’une radio privée, que le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi aurait demandé une audience au président Kaïs Saïed, mais que le cabinet présidentiel lui a refusé cette requête.
Une anecdote qui pourrait, si elle s’avère vraie, résumer tout le chaos qui caractérise la scène politique tunisienne, avec une rupture quasi-totale entre le chef du gouvernement et le président de la République qui, pourtant, l’avait choisi. Certains observateurs n’hésitent pas à prédire que Kaïs Saïed serait plus enclin à pousser vers le refus de la confiance au gouvernement Mechichi, par l’ARP. D’autres « connaisseurs des affaires du palais » prétendent que c’est la cheffe du cabinet présidentiel, Nadia Akacha, qui serait partie en guerre contre Mechichi, qui aurait, à son goût, commis le sacrilège de lui tenir tête à propos de quelques noms, dans la composition de son cabinet.
Quelle que soit la partie qui est à l’origine de cette « mascarade », c’est une situation assez cocasse, voire inédite, où plus personne n’est plus en bons termes avec personne. Une situation qui laisse transparaître un certain manque de maturité chez certains acteurs politiques qui n’hésitent pas à régler leurs comptes, même si c’est au détriment de 12 millions de personnes qui habitent le pays.
Or, tout expert qu’il est en droit constitutionnel, Kaïs Saïed semble avoir négligé une donnée très importante, à savoir que la nature et surtout, la scène politique, a horreur du vide. Puisque Saïed a choisi de prendre ses distances par rapport aux partis politiques, et par la suite, puis choisi de se défaire de son chef du gouvernement, il ne devrait pas perdre de vue que ces partis qu’il ne veut pas reconnaître, vont trouver dans cette situation une faille pour se repositionner sur l’échiquier. Il est à parier que Saïed risque d’avoir la surprise de sa vie, en voyant le Parlement et les partis politiques, se réunir autour de Mechichi, se proposant de le récupérer, en lui accordant leur confiance, pour travailler avec lui, contre la volonté du palais.
Il semblerait même, que cette hypothèse n’en est plus réellement une, dans la mesure où le Cheikh Ghannouchi a reçu, ce matin, Mechichi. Un entretien que d’aucuns n’ont pas hésité à comprendre comme une manœuvre de séduction de la part du Cheikh à l’attention de Mechichi qui aurait, en théorie, tout à gagner en se rapprochant de l’ARP, du moment qu’il est devenu persona non grata à Carthage !
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