Economie

Tunisie : Plan gouvernemental pour augmenter la production du blé de 50%

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Elyes Hamza, ministre de l’Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, a annoncé hier mardi 7 juin 2022 que le gouvernement œuvre pour la mise en place d’un plan permettant d’augmenter la production de blé d’environ 50% à partir de l’année prochaine, dans le cadre du programme du gouvernement visant à améliorer la sécurité alimentaire du pays et ce, pour faire face notamment aux répercussions néfastes de la crise ukrainienne, qui a fait grimper les prix des céréales à des niveaux records. 

Le ministre a souligné que le programme de réformes économiques comprend un plan visant à augmenter la production céréalière en élargissant les superficies consacrées à la production de blé en allouant 200 000 hectares supplémentaires à partir de la prochaine saison d’ensemencement.

L’autosuffisance en blé dur

Sous ce même angle, Hamza a déclaré que le programme a pour objectif la réalisation de l’autosuffisance en blé dur, à produire 12 millions de quintaux au cours de la saison 2023, à augmenter les prix des céréales des agriculteurs d’environ 50% et à étendre les superficies exploitées à 800 000 hectares, contre 600 000 hectares, actuellement.

Le ministre a ajouté que le programme comprend également la fourniture de 450 000 quintaux de semences sélectionnées, la garantie de l’approvisionnement en engrais organiques en fournissant 350 000 tonnes, l’affermissement des activités du conseil et d’information des producteurs et le développement de la capacité de stockage. Le responsable a déclaré que la récolte de céréales au cours de la saison agricole 2022 est estimée à 1,8 million de tonnes, soit une augmentation d’environ 10% par rapport à l’année précédente.

En augmentant les prix des céréales des producteurs, les autorités tunisiennes cherchent à lutter contre la baisse de la production locale, affectée par les saisons sèches et la hausse des prix des intrants, des facteurs qui ont exclu les petits agriculteurs du secteur des grandes cultures. La Tunisie est l’un des pays touchés largement par l’impact de la guerre russo-ukrainienne qui a imposé une nouvelle réalité économique après que les prix des céréales ont bondi à des niveaux records, coûtant au budget 1,3 milliard de dinars supplémentaires pour subventionner les denrées alimentaires de base, selon plusieurs estimations concordantes.

La consommation céréalière de la Tunisie est de 3,4 millions de tonnes (1,2 million de tonnes de blé dur, 1,2 million de tonne de blé tendre et 1 million de tonnes d’orge), et ce, selon les données de l’Office des Céréales Bureau des céréales. Les besoins de consommation sont ajustés par les importations en fonction du niveau de la production locale. 
Les importations de céréales du pays sont deux fois plus élevées que la production nationale, dont plus de la moitié provient de Russie et d’Ukraine.

Difficultés et incitations à l’augmentation de la production

Mohamed Rjaibia, membre de l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP), a déclaré, sous cet angle que l’extension de la capacité de production céréalière devait être accompagnée par plusieurs mesures, dont la plus importante est d’ajuster le prix d’achat des agriculteurs en fonction des cours mondiaux pour leur permettre de faire face aux augmentations excessives des coûts de production.

Rajaiba a assuré aussi que la Tunisie est confrontée à divers défis qui pourraient entraver l’augmentation de la production, notamment la difficulté d’accès des agriculteurs au financement, la faiblesse du soutien gouvernemental, la sécheresse, le changement climatique et les pénuries d’eau qui réduisent encore plus les zones céréalières irriguées.   

Il considère également que les grandes cultures constituent l’élément le plus important de la sécurité alimentaire pour les Tunisiens, qui consomment plus de 70% de leur besoin en blé tendre et 50% de ceux-ci en blé dur de l’étranger, notant que l’amélioration des rendements financiers des agriculteurs stimule la production.

Le membre de l’UTAP appelle à l’adoption de solutions structurelles pour remédier à la crise de la production céréalière en mettant en place un mécanisme dynamique des prix les indexant sur les variations des cours sur les marchés internationaux et ce, afin d’éviter les problèmes de constitution des stocks et les fluctuations des coûts qui augmentent les subventions impactant le budget de l’État et les réserves de change.

La Tunisie alloue la plupart des terres agricoles fertiles à la culture du blé et importe principalement du blé tendre et de l’orge, mais la capacité de stockage limitée provoque des goulots d’étranglement aux ports où les navires ne peuvent pas décharger le blé directement en raison de la saturation des silos, ce qui prolonge les périodes d’attente des navires, augmentant ainsi les coûts logistiques.

Les importations des céréales de la Tunisie pour la campagne 2020-2021 augmenteront de 20% par rapport à la campagne précédente pour atteindre 3,8 millions de tonnes, selon un rapport de la FAO.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a déclaré que cela était dû aux prévisions selon lesquelles la récolte des céréales diminuerait d’un tiers cette année.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek