Tunisie – Pourquoi Ennahdha revient-elle au dossier des indemnisations de ses partisans maintenant ?

Au risque de paraître dans la vilaine image des opportunistes qui ne reculent devant rien pour satisfaire leur faim, les dirigeants d’Ennahdha repartent, d’un commun accord, en croisière, pour obtenir des indemnisations pour leurs partisans, au titre de dédommagement pour les « exactions subies sous la dictature ».

Et quand on sait que la somme revendiquée s’élève à la bagatelle de 3000 milliards il y a de quoi rester coi. Avoir, en effet, l’audace de demander à l’Etat, une somme pareille, par une conjoncture pareille, il faudrait en avoir du culot. Oser revendiquer 3000 milliards et fixer un ultimatum de deux semaines pour les obtenir, alors que les centaines de tunisiens sont en train de mourir suffocant, dans l’attente d’une bouffée d’oxygène qu’ils ne risquent pas d’obtenir, faute de moyens financiers, cela relève, plutôt de la témérité, car le risque d’une réaction fulgurante de la part de la population demeure très envisageable.

Et, pourtant, les dirigeants d’Ennahdha l’ont fait, et ont fait abstraction de la conjoncture et de la crise, pour braver tout le monde et demander au chef du gouvernement de débloquer la tune.

C’est qu’à Ennahdha, ils doivent avoir leurs raisons, pour oser un comportement pareil et des revendications de ce genre. Les dirigeants d’Ennahdha ont depuis toujours, utilisé le dossier des indemnisations, pour se payer l’allégeance de leurs partisans, qui n’ont, en fait, d’allégeance que pour leurs intérêts pécuniaires. Et quand ils reviennent à cette rengaine, c’est qu’ils sentent que leurs partisans sont en train de prendre leurs distances et s’éloignent d’eux.

Et si les nahdhaouis se trouvent, en ce moment, dans l’urgence de se réapproprier leurs partisans c’est pour une des deux raisons suivantes : Soit ils qu’ils sont en train de réorganiser leurs rangs et de préparer la mobilisation en prévisions de possibles élections prématurées, et ils doivent, dans ce cas reprendre ceux de leurs partisans qui sont, plus, tentés de regarder du côté de la coalition Al Karama. Soit, qu’ils préparent la mobilisation pour, éventuellement, occuper la rue, si jamais ils sont obligés d’en arriver là, pour protéger leurs acquis plus que jamais menacés par les troupes de Kaïs Saïed !