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Tunisie – Qu’y a-t-il lieu de faire pour « guérir » le secteur de santé ?

Tunisie – Qu’y a-t-il lieu de faire pour « guérir » le secteur de santé ?

Les supposées mesures prises par le gouvernement

C’est bien beau que l’ex ministre de la Santé ait démissionné suite à l’hécatombe qui a raflé la vie à peine commencée de douze petits êtres ! C’est d’autant plus beau d’avoir nommé à sa place, ne serait-ce que par intérim, Sonia Ben Cheikh, médecin de son état et qui devrait pouvoir maîtriser un tant soit peu la situation ! C’est, même merveilleux que celle-ci ait commencé à faire le ménage autour d’elle, en limogeant quelques uns et en nommant d’autres, qui lui sont proches (Saïd Aïdi ne contredirait pas çà), dans la mesure où elle peut leur faire confiance pour l’aider à surmonter les problèmes les plus aigus… Mais est-ce que cela saurait être suffisant pour mettre fin au délabrement de tout un système ?

Où en est-on avec l’enquête ?

Si on commençait par le déplorable décès des douze nourrissons ! Qui pourrait nous dire qui en est responsable et comment ? Il semble qu’il s’agisse d’une infection nosocomiale, c’est-à-dire une infection due à une bactérie qui a évolué dans le milieu hospitalier et survécu à la présence massive de tous genres d’antibiotiques, de façon à ce qu’elle y soit devenue résistante. L’opinion publique, qui ne connait rien à ce problème, ne semble pas prête à « gober » cette version et pense qu’elle a été avancée pour disculper tout le monde.

Qui est le vrai responsable ?

Or, le début logique de l’enquête est bien là ! Il s’agit maintenant de déterminer l’origine de cette bactérie et comment elle est arrivée dans les petits organismes immatures de ces bébés. C’est à partir de là que la vérité va éclore et que les responsables vont pouvoir être identifiés. A supposer, par exemple qu’on identifie un infirmier ou une ouvrière, comme étant la source de cette contamination, est-ce pour autant cette personne qui endosserait la responsabilité de ce drame ? Pourquoi ne serait-ce pas le chef du service qui ne lui avait pas expliqué les mesures d’hygiène à respecter ? Ou alors le directeur financier de l’hôpital qui ne lui a pas fourni les antiseptiques ni les gants nécessaires pour qu’elle fasse son travail dans les normes ? Pourquoi pas le directeur général de l’établissement qui a causé par une quelconque décision une défaillance dans la chaîne de travail ? On pourrait même penser au rôle du ministre, voire du gouvernement qui n’a pas  autorisé les recrutements nécessaires pour que le personnel puisse travailler dans des conditions qui respectent les normes internationales !

La solution n’est pas que les limogeages

On comprend, de ce fait, que le problème ne saura pas résolu avec la démission du ministre ou le limogeage de deux ou trois personnes. Il faudra revoir tout le système, en profondeur. Car les stratégies nationales de tous genres existent et ont été élaborées par des compétences, mais sont, malheureusement, enfouies quelque part au fond des tiroirs. Il y a les stratégies de lutte contre ces satanées infections nosocomiales, comme celle du bon usage des antibiotiques, comme celle de la promotion de la mère et de l’enfant et on en passe. Il semble que les responsables ne sont guère emballés pour les mettre en œuvre. Ce ne seront pas les personnes nouvellement nommées qui vont le faire, puisque faisant elles aussi partie de ce système ankylosé. En réactivant certaines mesures, ils reconnaîtraient leurs défaillances antérieures de ne l’avoir pas fait avant et même de n’avoir pas dénoncé un certain laisser aller.

Mettre en place une instance supérieure de contrôle au sein de la présidence du gouvernement

Ce qu’il faudrait pour guérir le système de santé et c’est valable pour tous les autres secteurs, c’est une grande, forte  instance de contrôle et de supervision qui soit indépendante du département en question et relevant directement de La Kasbah. Une instance composée de contrôleurs de l’Etat et munie des manuels explicitant les différentes stratégies et bons usages, qui devront opérer de façon périodique des audits sur les services de tous les ministères, se faisant aider, au besoin, par des experts indépendants, pour vérifier le respect des mesures à prendre et leur bonne exécution. Cette instance devra agir en amont des catastrophes, pas après coup. C’est de cette façon seulement que le pays pourra identifier les points qui bloquent la machine et qui rongent les services de l’Etat.

Comment réduire la casse dans le système de la santé ?

Il ne faut plus que les instances de contrôle fassent partie du système à contrôler ! Ils ne pourraient être juges et partis dans de telles affaires. Pour revenir à l’exemple de la santé, il faudrait penser à placer des gestionnaires relevant de la CNAM, au niveau des hôpitaux pour contrôler la bonne gestion des moyens, des finances et celle des revenus de ces établissements. Concernant les stratégies nationales en matière technique et, notamment, celle de l’hygiène hospitalière, cette instance de contrôle pourrait se faire aider par des laboratoires indépendants, voire étrangers, pour vérifier le respect des bonnes pratiques dans les hôpitaux. Cette instance aura aussi pour rôle de contrôler les recrutements, l’absentéisme et le laisser aller de certains responsables. Enfin, il faudrait apprendre à sévir contre tous ceux qui osent enfreindre ces mesures. Vu les enjeux colossaux, de simples sanctions administratives ne sauraient suffire, il faudra instaurer des sanctions financières pour pouvoir dissuader les fraudeurs et s’assurer du bon déroulement du travail, conformément aux normes établies!

 

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