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Tunisie – Résultats timides de la visite des parlementaires américains : Les raisons

Tunisie – Résultats timides de la visite des parlementaires américains : Les raisons

La visite d’une délégation parlementaire américaine, en Tunisie, diligentée par Ennahdha, et sur laquelle les islamistes avaient mis tous leurs espoirs, dans la mesure où les américains allaient tenter un forcing et opérer un pressing sur Kaïs Saïed, pour le pousser à faire marche arrière, et rétablir l’ARP, avant de reprendre le cours « normal » de la transition démocratique dans le pays.

Cette visite n’a, visiblement, pas eu l’effet escompté, puisque la délégation a été royalement ignorée par de nombreux partis politiques, qu’Ennahdha voulait mettre en scène comme étant ses alliés face au « putsch » de Kaïs Saïed. Elle a, même, été snobée par les représentants de la société civile qui étaient grassement financés par les USA. Sans oublier les manifestations qui ont éclaté ici et là, au cours de sa présence à Tunis, pour condamner cette ingérence dans les affaires internes tunisiennes.

Quant à l’entretien qui les a réunis avec Kaïs Saïed, les américains ont eu beaucoup de peine à se faire entendre, et même leurs menaces voilées de couper les aides financières n’ont pas pu ébranler le président tunisien.

De son côté ce dernier leur a fait comprendre que tout le monde savait pourquoi ils étaient là, et qui les a appelés à la rescousse. Il leur a, par la suite signifié que ceux qui les avaient appelés sont totalement rejetés par le peuple. Le peuple qui était complètement acquis à la cause de président et qui ne cesse de demander de les juger pour ce qu’ils ont fait subir aux tunisiens durant la dernières décennie.

D’ailleurs, on ne peut pas ne pas remarquer que les demandes américaines ont, entretemps, été revues à la baisse. Car, avant, ils exigeaient un retour immédiat de l’ARP, alors que, désormais, ils demandent, juste que le prochain gouvernement soit légitimisé, soit par un vote de confiance à l’ARP, ou, sinon, par voie de référendum.

Mais ce n’est pas, pour autant, la force des arguments de Kaïs Saïed qui a fait que l’intervention de la délégation américaine soit aussi timide. Car il faudrait prendre en compte plusieurs considérations, notamment d’ordre géopolitique et la situation globale dans le monde, et plus précisément dans la région. Les américains sont arrivés à Tunis en provenance de Beyrouth. Un pays qui sombre dans le chaos, et dans lequel ils ont compris qu’ils n’arrivaient plus à imposer les règles de l’once Sam. Ils ont, en effet, beau, menacer en demandant la mise à l’écart du Hizb Ullah, et de refuser le pétrole iranien, malgré la crise du carburant qu’ils sont en train de vivre, ils sont, finalement, repartis bredouille, laissant sur place un Hizb Ullah plus ancré que jamais, et les camions citernes qui assurent des navettes continues entre les pompes libanaises et le port syrien où avait accosté le pétrolier iranien.

Donc, les américains ont saisi que l’ère de l’hégémonie des grandes puissances était révolue, et que la mode est, en ce moment, aux courants nationalistes, et donc, qu’il valait, peut-être, mieux se faire discret, surtout, en pleine période de débâcle en Afghanistan. Par ailleurs, il est vrai que les américains ont, quelque part, compris que ce qui leur avait été rapporté par les islamistes était, en quelque sorte, indéfendable, quand ils ont découvert une Tunisie calme et sereine, regroupée derrière le projet de son président, contrairement à l’environnement hostile qu’ils ont laissé au Liban.

Au final, les islamistes ont eu la malchance d’être tombés au mauvais moment, et ils commencent à comprendre qu’ils ne pourraient pas espérer grand-chose de leurs soutiens habituels comme le Qatar et la Turquie, et encore moins, de chez leurs protecteurs habituels des USA.

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