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Tunisie – Samir Ettaïeb : Pour le compte de qui travaille-t-il ?

Tunisie – Samir Ettaïeb : Pour le compte de qui travaille-t-il ?

Pour revenir à la polémique suscitée par les contradictions entre les déclarations d’Omar Béhi, ministre du Commerce et le démenti claquant qui a suivi, de la part de son « collègue » de l’Agriculture, Samir Ettaïeb, par rapport au manque de pommes de terre et l’importation d’une certaine quantité pour réapprovisionner le marché, on se rappelle que le ministre du Commerce avait annoncé un manque de production de pommes de terre d’environ 30.000 tonnes, ce qui l’a amené, dans une mesure d’anticipation de rupture de ce produit sur le marché, à importer l’équivalent de ce manque d’Egypte. On se rappelle, aussi, que quelques jours plus tard, son collègue de l’Agriculture, Samir Ettaïeb n’a pas hésité le moins du monde, à le démentir et à annoncer en public, en présence de médias, qu’il n’a jamais été question du moindre manque prévu dans la production des pommes de terre.

Hormis le fait que cette situation est catastrophique, dans la mesure où deux ministres du même gouvernement se contredisent et où l’un d’eux dément l’autre. Ce qui donne une impression de manque de sérieux au sein du gouvernement et contribue à ternir son image et, surtout, à entamer sérieusement sa crédibilité, ces déclarations et contre-déclarations suscitent une autre question, bien plus grave qui devrait interpeller le chef du gouvernement, car la situation est tendue dans son équipe.

En effet, Omar El Behi n’a pas apporté ces chiffres de nulle part ni ne les a vus en rêve. Il les a reçus de la source, supposée fiable, du ministère de l’Agriculture. Tunisienumerique a pu se les procurer. En effet, Le ministre du commerce a reçu, au début de l’année 2019, les estimations de son collègue qui signifiaient que seuls 9000 hectares  de pommes de terre ont été plantés en janvier 2019, contre 10.700 hectares à la même période de 2018. Donc, avec un manque de 1.700 hectares. Partant du principe que le rendement moyen d’un hectare est d’environ 20 tonnes de pommes de terre, le manque prévu était  facile à calculer et équivalait 34.000 tonnes, ce qu’avait déclaré, grosso-modo, Omar Béhi. Néanmoins, son collègue de l’Agriculture l’a démenti, après lui avoir fourni, en début d’année, des chiffres.  Voilà qui devient très grave. D’abord parce qu’il se contredit lui-même et contredit ses propres chiffres du début de l’année, ce qui laisse supposer qu’il plie sous la pression des spéculateurs et des lobbies de l’UTAP.

Cela devient d’autant plus grave, qu’ il est évident que Samir Ettaïeb a démenti son collègue, juste pour faire plaisir au président de l’UTAP, Abdelmajid Ezzar et coller au discours et aux revendications de ce dernier. Puisque, qui dit Ezzar, dit automatiquement, Ennahdha, on pourrait penser que Samir Ettaïeb serait en train de faire de l’œil aux islamistes. Ce qui aurait pu être plus ou moins compréhensible, si, après avoir quitté Al Massar, Bettaïeb serait à la recherche d’un parachute doré et d’un soutien politique, pour assurer ses arrières. Mais il se trouve que Samir Ettaïeb, n’était pas sans appui politique et n’avait pas à en chercher auprès d’Ezzar ni de ses « amis », puisqu’il avait, depuis deux mois, intégré le parti de son patron, Tahya Tounes.

Ce qui ne manque pas, dans ce cas, de susciter d’autres questions : A savoir s’il n’a pas une totale confiance en la capacité du parti auquel il a adhéré et s’il n’est pas tenté de se rapprocher de celui  où il juge avoir le plus de chances de remporter les élections ? Ou s’il n’est pas, carrément, l’œil de Moscou d’Ennahdha dans les couloirs de Tahya Tounes ?

Dans tous les cas de figure, on ne pense pas que Youssef Chahed puisse apprécier de telles manœuvres dans son équipe !

 

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