Economie

Tunisie – Statistiques : 120 mille ans de prison pour les jeunes pour avoir fumé du cannabis

Tunisie – Statistiques : 120 mille ans de prison pour les jeunes pour avoir fumé du cannabis

Selon un rapport récent Collectif pour la légalisation du chanvre (Colec), entre 1992 et 2018, environ 120 000 jeunes tunisiens ont fait au moins un an de prison dans des affaires de stupéfiants-soit 120 milles ans de prison au moins pour des jeunes tunisiens voire des mineurs dans beaucoup de cas.

21,5% des personnes détenues en 2019 l’étaient dans des affaires liées aux stupéfiants, en grande partie pour la simple consommation d’un joint de cannabis.

Jamais dans l’histoire de la Tunisie voire même du monde, un système judiciaire n’a condamné autant de gens, jeunes et de moins jeunes, pour avoir fumé un joint…un triste record de tous les temps.

Début février dernier, des manifestants se sont rassemblés, Place des droits de l’Homme et Avenue Habib Bourguiba, pour réclamer la libération de jeunes condamnés à de très lourdes peines allant jusqu’à 30 ans de prison ferme dans des affaires de consommation de cannabis au Kef et ailleurs.

Jugées extrêmement sévères, les peines en question ravivent le débat en Tunisie. Le tribunal du Kef avait pour rappel condamné à 30 ans de prison trois jeunes, pour détention et de consommation de cannabis dans un stade de football désert. Quelques semaines plus tard, un autre jeune de 21 ans a été condamné à 17 ans de prison pour consommation de cannabis.

De larges franges de tunisiens estiment que ces condamnations peuvent anéantir l’avenir, non seulement, de ces jeunes, mais de toute une génération. Un appel à la révision de la loi dite 52 pénalisant la consommation du cannabis a été lancé.

Avocats, médecins et activistes affirment qu’il faut revoir la loi, parce que la réforme faite en 2017 ne suffit pas. Ils assurent que donner au juge le pouvoir d’appliquer des circonstances atténuantes, n’a pas réduit les peines.

Et pourtant, face à la sourde oreille des autorités, plusieurs spécialistes en la matière ne cessent d’appeler depuis de nombreuses années à la légalisation de la culture et du commerce du cannabis en Tunisie.

Le trafic du cannabis génère une manne colossale d’argent. Les 400 milles consommateurs « réguliers », d’après les chiffres du ministère de la santé en 2018, consomment annuellement 20 grammes par personne par an.

Au prix de 50 dinars le gramme, et si on considère les 400 milles consommateurs « réguliers » qui consomment 20 grammes par an et par personne, d’après les chiffres du ministère de la santé, le volume du trafic est estimé à 400 millions de dinars par an. Si on prend en considération les deux millions et demi de consommateurs réguliers et occasionnels d’après des statistiques de mouvements pro-dépénalisation, le volume du trafic criminel en Tunisie est de l’ordre de 2.5 milliards de dinars par an.

Sur le plan économique, la légalisation totale ou partielle ces dernières années du cannabis par les principales économies et puissances mondiales a montré un potentiel fiscal qui rivalise avec le tabac et l’alcool.

Malgré la prohibition, le cannabis constitue la troisième substance psychoactive la plus consommée en Tunisie et dans le monde après le tabac et l’alcool. Sa légalisation permettra d’éradiquer le trafic des bandes criminelles, de contrôler l’âge de la consommation, de mener des campagnes de prévention et d’en interdire la consommation aux mineurs qui sont les premières victimes des dealers et les premières victimes des effets nocifs du cannabis sur les cerveaux des jeunes adolescents.

Malgré un débat timide sur la dépénalisation du cannabis, les trafiquants de cannabis remplissent les poches sur le dos des jeunes tunisiens bénéficiant entre autres de la sévérité de loi interdisant la consommation d’une part et de l’immobilisme des législateurs qui font la sourde oreille concernant la révision de la loi sur la consommation du cannabis de l’autre.

Entre temps, la machine judiciaire continue à broyer des générations de jeunes gens pour avoir consommé un joint les condamnant à de lourdes peines et détruisant vies et familles entières en se basant sur une loi des plus répressive au monde et digne des pires dictatures.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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