Le tunisien n’en croit pas ses yeux ni ses oreilles. Ce qu’il est en train de voir et d’entendre, à l’occasion de cette crise générée par l’éclosion de l’épidémie du coronavirus, le laisse abasourdi. Le citoyen a, en effet, eu la désagréable surprise de se rendre à l’évidence que la classe politique du pays est, vraiment, très éloignée des tracas quotidiens du « petit peuple » et ne connait, apparemment, rien à la réalité de la vie qu’ils sont réduits à vivre.
La déception est d’autant plus grande, quand certains citoyens qui mettaient tous leurs espoirs en une personnalité, se rendent compte qu’elle n’est en rien ce qu’ils croyaient et qu’à la première vraie épreuve, elle s’est avérée plus vide que le néant.
Les tunisiens n’en reviennent par exemple pas, des déclarations faites par certains politiciens. Deux, essentiellement, qui, selon les dernières élections, sont les personnes qui inspirent le plus confiance et qui semblaient être les plus proches des citoyens, de leur situation et de leurs besoins.
En effet, lors de leurs déclarations, à l’occasion de cette crise de coronavirus, le premier, en panne d’idées, n’a pas trouvé mieux que de demander à ses électeurs de faire don de la moitié de leur salaire, pour aider l’Etat dans sa lutte contre la maladie. Cet homme politique ne sait, apparemment pas que les tunisiens vivent déjà, avec beaucoup moins que la moitié de leur salaire, endettés comme ils sont, et que la moitié de cinq ou six cent dinars n’est pas comparable à la moitié de trente mille dinars. Par ailleurs, il ne sait pas que le tunisien n’en peut plus de donner à l’Etat, alors que la logique voudrait que ce soit le contraire. Et dire que des millions de personnes l’ont élu, car ils croyaient qu’il allait mettre un terme à leurs souffrances.
Le deuxième homme politique, quant à lui, a demandé qu’on applique le couvre feu intégral et non pas seulement de 18 heures à 6 heures. Pourtant, il se dit proche des citoyens et surtout des pauvres, et prétend connaitre tous leurs tracas et leurs besoins. Mais depuis son luxueux château, est-ce qu’on pourrait lui en vouloir s’il ne sait pas que, contrairement à lui, la plupart des tunisiens n’a pas, en stock, pour des milliers de dinars d’aliments et de produits divers, que même s’ils veulent faire des réserves, ils n’en ont pas les moyens et doivent aller travailler chaque jour, pour ramener du pain à leur famille. Il ne sait pas non plus, que la plupart des tunisiens crèveraient de faim si jamais on les confinait chez eux jour et nuit, puisque certains d’entre eux doivent travailler pour vivre, mais aussi, pour approvisionner les autres pour qu’ils puissent, eux aussi, vivre.
Et dire que ce second homme politique se prétend être un homme d’affaires, avant tout. Or, un homme d’affaires qui se respecte devrait savoir qu’en instaurant un couvre feu de 24 heures pendant quinze jours, on va, immanquablement, tuer définitivement, toute l’économie du pays.
Morale de l’histoire, en ces jours de détresse et de désespoir où tout le monde est suspendu aux paroles de l’ « élite », dans l’attente de mots qui apaisent, il vaudrait mieux, pour certains de s’abstenir de parler, au lieu de dire n’importe quoi, au risque de le regretter longtemps, plus tard !
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