La Société de Sauvegarde de la Ville de Monastir a vivement dénoncé de nouveaux actes de dégradation visant le rempart historique de la ville, en particulier un incident jugé « sans précédent » survenu le jour de l’Aïd al-Adha. Selon son président, Jallaleddine Bouslama, un résident aurait procédé à l’abattage rituel d’un mouton directement sur le rempart. Le sang se serait ensuite écoulé à travers les conduits d’évacuation des eaux pluviales, souillant le mur et le trottoir avoisinant emprunté par les piétons.
L’association appelle à une intervention urgente des autorités pour protéger le site ainsi que l’ensemble des monuments historiques de la région, exigeant que le responsable de cet acte soit poursuivi.
Des constructions anarchiques qui altèrent le paysage patrimonial
Au-delà de cet incident, la Société de Sauvegarde alerte sur une dégradation continue du patrimoine architectural de Monastir. Certains habitants auraient intégré des portions du rempart à leurs habitations privées, tandis que d’autres ont érigé des constructions illégales à plusieurs étages, dépassant en hauteur le mur historique et en altérant considérablement l’esthétique.
Jallaleddine Bouslama s’interroge sur les raisons de la délivrance de permis de construire dans ces conditions, soulignant que de telles pratiques ne se produisent pas dans d’autres villes historiques comme Sousse ou Kairouan, où les habitants veillent au contraire à préserver leur héritage architectural.
Un patrimoine en péril, selon les défenseurs de la mémoire urbaine
L’association déplore l’inaction des autorités malgré de nombreuses alertes. Le rempart historique, tout comme une partie du Ribat de Monastir et le dôme du monument de Sidi Mansour — jugé en état de délabrement avancé — nécessitent une restauration urgente. L’association affirme avoir adressé plusieurs correspondances aux autorités compétentes, sans recevoir de réponse ni constater d’actions concrètes sur le terrain.
Une conscience patrimoniale à reconstruire
Ce manque de réactivité des autorités s’accompagne, selon les spécialistes, d’une méconnaissance du sens profond du patrimoine au sein de la société. Le chercheur en histoire Nabil Kellala, lors de la présentation de son ouvrage « Autour du patrimoine commun pour une voix culturelle » le 18 mai dernier à Monastir, a souligné l’absence d’appropriation du patrimoine par les citoyens. Il estime essentiel de sensibiliser davantage la population à la valeur symbolique, historique et nationale de ce patrimoine collectif.
Un appel à l’action pour sauver le rempart
Malgré les appels répétés de la Société de Sauvegarde de Monastir au fil des années, aucune mesure concrète n’a été prise à ce jour pour faire respecter la législation et protéger les sites historiques. L’association insiste aujourd’hui sur l’urgence d’un plan de préservation sérieux, porté à la fois par les institutions publiques et une mobilisation citoyenne renforcée.
Source : TAP
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