Ils faisaient de la peine à voir… Des personnes âgées des deux sexes, qui sont sortis par cette matinée pluvieuse, bravant le mauvais temps. Il faut dire qu’ils étaient obligés de sortir, pour aller, qui à sa banque et qui au bureau de poste, pour retirer leur maigre pension de retraite. Ce sont, en effet, les retraités de cet Etat indigne. Les retraités qui ont usé leur santé et leurs plus belles années à construire cet Etat et qui, aujourd’hui qu’il n’a plus besoin d’eux et surtout, qui ne les craint plus, du moment qu’ils ne peuvent lui occasionner aucun tracas, par une quelconque grève ou un quelconque mouvement de protestation, les laisse tomber, en cette fin du mois de Ramadan et en cette veille de l’Aïd.
Ces pauvres vieux faisaient, nous le disions, peine à voir, avec leur mine toute défaite et leur amertume, en quittant le guichet de la banque ou de la poste, les mains vides et le cœur plein « comme çà ». En effet, contrairement à leurs espérances et après un si long mois d’attente, un mois où tous les prix ont flambé et pendant lequel ils ont dû faire des acrobaties pour pouvoir arriver à son bout, ils ont eu la mauvaise surprise de se rendre compte que la CNRPS ne leur a versé aucun sou.
Pourtant, se lamentaient-ils, on était, bien le 27 du mois et normalement, ils devraient avoir perçu leur pension ! Mais non, il n’en est rien et leur déception, ainsi que leur désespoir étaient évidents sur leurs mines défaites. Ils quittaient à chaque fois, la banque ou le bureau de poste, désespérés, plongés dans l’amertume et pleins de regrets. Une amertume en pensant à ce qu’ils devaient faire pour acheter de quoi manger, eux qui ont attendu la fin du weekend qui leur a semblé, exceptionnellement interminable. Et des regrets d’avoir donné les plus belles années de leurs existences, pour que leurs enfants, leurs disciples, leurs apprentis, leur tournent le dos et les jettent tel un fruit gâté, un fruit inutile qu’on jette après avoir pressé et en avoir tiré tout le jus.
Nos pauvres séniors repartaient donc, ce lundi, avec plein de désespoir et de désillusion. Ils avaient honte de se trouver dans cette situation devant l’insolente arrogance des agents des guichets et des jeunes qui faisaient la queue avec eux et qui ont pu, eux, retirer leur argent, car ils sont, encore, actifs, et que l’Etat n’ose pas les mettre en colère en retardant le versement de leurs salaires. Pourtant ces retraités n’avaient pas de quoi avoir honte ! Ils n’étaient pas venus demander l’aumône. Ils étaient là, pour réclamer leur droit. Celui de récupérer ce que leur devait cet Etat ingrat, puisqu’il s’agissait de leur rembourser une partie de ce qu’ils ont versé, durant toute une vie, à ce même Etat.
Un Etat ingrat, arnaqueur et par-dessus le marché trop lâche pour affronter ses sujets. La rédaction de Tunisienumerique a, en effet, insisté pour contacter le moindre responsable de la CNRPS. Mais c’était peine perdue. On dirait que tous les responsables de la boite se sont passé le mot d’ordre de ne pas décrocher leurs téléphones aussi bien les gsm que les téléphones fixes. Il y a, même, une bonne partie qui a choisi l’option d’éteindre son téléphone.
Qu’à cela ne tienne. Ils devront garder à l’esprit, cette veille de l’Aïd de 2019, car il y a un Bon Dieu qui veille au grain. L’humiliation qu’ils ont fait subir à leurs ainés en ces jours et l’arnaque dont ils se sont rendus coupables, leur sera bien retournée à leur tour, par leurs enfants, dans quelques années !
La direction de la CNRPS doit se rendre compte qu’elle est en train de voler ses adhérents, avec la bénédiction d’un ministre, pourtant rompu aux luttes sociales, mais qui doit avoir mieux à faire, en ce moment, au point de laisser les retraités sans le sou, en cette veille d’Aïd ! Tout ce beau monde devrait faire gaffe à cela ! Car, même, à la retraite et inactifs, ces vieux peuvent leur causer beaucoup de tort. Le jour des élections, la voix d’un vieux est égale à celle d’un jeune. Sachant qu’il y aura beaucoup, mais alors, beaucoup plus de vieux retraités que de jeunes, à faire la queue devant les bureaux de vote, dans six mois !
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