C’est un fait : l’armée russe marque le pas en Ukraine. On s’éloigne de pus en plus de la courte et décisive “opération militaire” théorisée par les collaborateurs du maître du Kremlin, Vladimir Poutine. Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a pointé sur Europe 1 “quatre erreurs stratégiques” qui coûtent très cher à la Russie…
Cela fait 76 jours que les troupes russes campent en Ukraine, un déluge de feu qui n’a pas fait plier l’Ukraine et la perspective s’éloigne de plus en plus, à la faveur de l’appui militaire massif des Occidentaux et l’avalanche de sanctions qui asphyxient progressivement l’économie russe et assèchent le trésor de guerre de Poutine. Selon le chef de la diplomatie française, le président russe est prisonnier d’un ‘”enfermement dans la guerre.” Le Drian met en exergue “quatre approximations, voire quatre erreurs stratégiques qui se sont conjuguées, et qui continuent à se conjuguer” depuis l’incursion russe en Ukraine.
La première faute de Poutine a été “de penser que l’Ukraine allait tomber comme cela, parce qu’il était attendu, parce qu’il y avait eu le précédent de la Crimée” en 2014, a déclaré le ministre hier lundi 9 mai dans la soirée sur BFM TV.
“On se rappelle des images de l’arrivée de Poutine en Crimée qui était arrivé sous les acclamations. Il pensait donc, et en particulier dans la partie russophone de l’Ukraine, que l’accueil des ‘libérateurs’ allait être favorable et que les autres, on allait pouvoir rapidement les désarçonner. Cela n’a pas été le cas“, ajoute-t-il.
D’après lui l’invasion russe “a renforcé l’unité ukrainienne, créé la nation ukrainienne qui se bat de manière héroïque“…
La deuxième erreur de Poutine c’est d’avoir “surestimé la force de son armée, de ses choix stratégiques, de ses choix militaires“…
La troisième c’est “c’est de penser que l’Europe aura été fragile, pour prendre un terme vulgaire un peu ‘mou du genou’ dans sa réaction. Ça a été le contraire“, notamment la rapidité de la prise de décisions sur la batterie de sanctions européennes, à peine deux mois, toujours d’après le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères.
“L’agression russe a fait passer l’Europe dans une dynamique de décision et d’unité extrêmes significative, avec des sauts qualitatifs, ne serait-ce que par la livraison d’armes ou par la mise en œuvre des sanctions qui étaient imprévisibles de la part du président Poutine. Il pensait qu’il y aurait beaucoup plus de tensions, de divergences, alors qu’il a renforcé indirectement la solidité de l’Union européenne“, a indiqué Le Drian…
La dernière erreur est le pari fait par Poutine sur “la mort cérébrale” de l’OTAN, une formule dégainée en 2019 par le président français, Emmanuel Macron. “Du fait de l’intervention, l’alliance s’est retrouvée sur ses fondamentaux qui sont la solidarité collective dans l’espace euro-Atlantique. Le président Poutine pouvait imaginer des fragilités, elles n’ont pas été au rendez-vous“, a lâché le ministre français, qui précise tout de même qu’il faut s’attendre à une guerre “longue et difficile” et qu’il faut “aider les Ukrainiens” à faire face…
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