Il ne se passe pas un jour sans qu’on parle – très souvent en mal – du président américain Donald Trump et de ses décisions fracassantes. En moins de 2 semaines il a tiré sur presque tout et tout le monde : De l’Afrique du Sud au Canada, en passant par le Mexique – l’Europe attend son tour. Les habitants de Gaza ont été sa dernière cible. Les Ukrainiens aimeraient que le président américain en fasse autant avec le problème russe. Trump est sorti du bois le 22 janvier dernier, en menaçant de ses foudres Vladimir Poutine s’il s’obstine à bouder la table des négociations directes avec Kiev. Et depuis plus rien, silence radio à Washington… Jusqu’à cette sortie surréaliste sur les terres rares ukrainiennes que convoitent les USA, en échange du rétablissement de l’aide militaire américaine.
Biden avait raison sur Trump, hélas
Rappelons que ce soutien massif a été sabré par la Maison Blanche, en même temps que toute l’aide humanitaire que ventilaient les Etats-Unis dans le monde. Théoriquement ce tour de vis durera 3 mois, au moins, le temps que la nouvelle administration américaine fasse le tri entre ce qui relève de ses intérêts stratégiques et ce qui était une “coquetterie” – ça ne l’est jamais. Mais 3 mois pour les Ukrainiens c’est trop long, une éternité. C’est du temps donné à l’armée russe pour tuer, détruire, occuper, coloniser.
Kiev tombe de haut (mais il n’est pas le seul, les citoyens américains et le monde entier aussi). Trump avait promis d’en finir avec cette guerre en à peine “24 heures“, maintenant il parle de “6 mois, au moins…“. L’ex-président Joe Biden savait que l’Ukraine allait souffrir avec Trump, le démocrate a donc hâté le pas dans les derniers jours de son mandat pour envoyer le maximum d’aide aux Ukrainiens. Vu les faiblesses notables de Moscou Kiev aurait pu gagner la guerre dès les premières semaines si cet appui avait été aussi massif et rapide.
Biden avait raison de carburer – pas suffisamment encore une fois -, la première chose qu’a faite Trump c’est s’asseoir sur le reste de l’enveloppe qu’attend Volodymyr Zelensky. Si le président américain n’a pas embrayé depuis ses menaces du 22 janvier en direction du Kremlin, si ses fameuses “24h” pour stopper le conflit sont devenues “6 mois” c’est pour une bonne – mauvaise – raison : c’est le temps qu’il faut pour que la Maison Blanche cogite sur ce qu’elle peut vendre à l’Ukraine et à la Russie pour les sortir de l’enfer dans lequel elles sont plongées.
Avec Trump il y a toujours quelque chose à monnayer, échanger, troquer. Le républicain est ainsi fait, il le théorisait dans ses émissions à la télévision, a écrit un livre là-dessus et compte diriger les Etats-Unis d’Amérique avec les mêmes dogmes. Avec l’Ukraine, meurtrie par la guerre ou pas, il aura les mêmes exigences. Avec Zelensky il s’agira d’une garantie pour un accès direct – autant dire une mainmise – aux terres rares. Des sols qui cachent des matériaux très prisés dans l’électronique, entre autres, et pour lesquels les puissances se battent.
L’Europe en embuscade, pour les mêmes richesses
C’est simple : Trump veut sa part, la plus grosse, dans les trésors que renferme le sol ukrainien. Biden aidait le pays sans rien exiger en retour, le républicain n’est pas fait de ce bois là. Washington lorgne le fer, le manganèse, l’uranium, le titane, le lithium, des minerais de zirconium, qui s’ajoutent au charbon, au gaz et au pétrole. Trump veut tout, une centaine de matières premières d’après les estimations géologiques ukrainiennes. De quoi rattraper un peu de retard sur la Chine, la championne mondiale.
Selon le ministère de l’Économie, l’Ukraine est assise sur les plus grandes réserves européennes, des trillions de dollars de matériaux rares exploitables, dont plus de 70% se nicheraient dans les régions de Dnipropetrovsk, Donetsk et Louhansk, des zones sur la ligne de front. Inutile de vous dire que l’envahisseur russe veut aussi ces ressources. Comment faire en sorte que Poutine lâche le morceau ? Trump trouvera certainement un accord avec son “ami”, il est très doué pour ça.
A noter que ces sols sont déjà exploités, ils pèsent lourd sur le produit intérieur brut (PIB) ukrainien, presque la moitié, et occupent les deux tiers des exportations ukrainiennes. Pour les États-Unis il n’est plus question de se tourner vers la Chine pour obtenir 80% des matériaux rares consommés par l’industrie américaine. C’est d’autant plus urgent que Pékin a très mal pris la surtaxe sur les produits chinois. C’est la guerre…
C’est cette guerre là qui trotte dans la tête de Trump, les morts, les blessés et les destructions attendront. D’après des médias ukrainiens Kiev serait prêt à céder sur l’exploitation de ses sols, pourvu qu’on le débarrasse de la Russie. Ce serait même un des points du Plan ukrainien pour la victoire, élaboré avant la présidentielle américaine et le triomphe de Trump. L’OTAN et l’Europe sont aussi dans le coup.
Depuis 2014 l’Ukraine et les alliés occidentaux ont mis sur la table un dispositif pour sécuriser les approvisionnements en matières premières, notamment des matériaux tels que le titane, abondamment sollicité dans le secteur de la défense. Cette convention a été renforcée en 2021. On verra la place que laissera Trump aux Européens dans son festin ukrainien. En attendant, d’après les échos, les négociations autour des terres rares satisfont Washington et Kiev.
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