A chaque fois que le président français, Emmanuel Macron, commet ce que certains qualifient de bourdes stratégiques, on appelle son prédécesseur, François Hollande, pour commenter. Et l’ex-mentor de Macron ne décline jamais une invitation quand il s’agit de recadrer son ancien ministre des Finances. Ce fut le cas sur la politique de la France avec les pays du Maghreb, sur l’attitude de la France pour la Coupe du Monde au Qatar – même si Macron a hérité d’un dossier ficelé sous Nicolas Sarkozy – et maintenant sur les détails donnés par le chef de l’Etat sur l’utilisation de l’arme nucléaire…
Interrogé sur la réplique française si la Russie balançait une bombe nucléaire sur l’Ukraine Macron a répondu ceci sur France 2 mercredi 12 octobre 2022 dans la soirée. «Notre doctrine repose sur ce qu’on appelle les intérêts fondamentaux de la nation, et ils sont définis de manière très claire. Ce n’est pas du tout cela qui serait en cause s’il y avait une attaque balistique nucléaire en Ukraine ou dans la région», a rétorqué le chef de l’Etat. En d’autres mots il a signifié à Moscou qu’il ne risque rien – ou presque – s’il larguait sur les Ukrainiens des ogives nucléaires…
Voilà ce qu’en a dit le “Professeur” Hollande sur France info le lendemain de l’intervention de Macron : «sur la force de dissuasion, la crédibilité c’est ne rien dire de ce que nous aurons à faire (…). Il faut s’arrêter là (…). Nous devons avoir cette précaution de ne rien dire à celui qui pourrait justement déclencher l’arme», a ajouté l’ex-président français…
Pourtant dans le fond Macron a raison, il ne fait que dire tout haut ce que ses partenaires pensent tout bas. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a été très clair sur la question hier soir : «Toute attaque nucléaire contre l’Ukraine entraînera une réponse militaire (…) si puissante que l’armée russe sera anéantie», mais question de balancer une arme nucléaire…
L’OTAN ne dit pas autre chose, elle est d’avis que “les circonstances dans lesquelles l’organisation pourrait avoir à utiliser des armes nucléaires” sont «extrêmement éloignées (…). La dissuasion nucléaire de l’Otan a pour objectif de dissuader toute attaque contre les alliés», a indiqué le secrétaire général Jens Stoltenberg…
Donc encore une fois le président français a raison dans le fond, mais pour la forme on repassera. En effet installer dans la tête du président russe, Vladimir Poutine, qu’une attaque nucléaire ne déclencherait pas une riposte occidentale proportionnelle c’est quasiment lui donner un quitus pour continuer à terroriser l’Ukraine, le monde, voire carrément passer à l’acte. Assurément c’est une énorme bévue, même si le palais de l’Elysée court depuis cet entretien pour éteindre l’incendie…
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