On ne sait pas si le président russe, Vladimir Poutine, se rendra personnellement en Turquie ce jeudi 15 mai pour négocier directement les termes de la fin de sa guerre en Ukraine. Mais il semble qu’il est allé au bout de ce qu’il pouvait étaler en termes de dérobades et subterfuges, il est coincé cette fois. Ce n’est pas la menace d’un soutien militaire accru qui le fera plier mais la promesse qu’Européens et Américains feront pleuvoir comme jamais des sanctions économiques sur Moscou. C’est plus que ne peut ne le supporter une économie russe exsangue et des finances publiques asséchées, à ajouter à l’inflation et aux autres tourments que le Kremlin planque sous le tapis.
C’est le président américain, Donald Trump, qui avait le premier lancé l’idée d’une trêve inconditionnelle et complète de 30 jours. Le maître du Kremlin ne lui a jamais prêté l’oreille, il a «baladé» le républicain, comme ce dernier l’a d’ailleurs reconnu publiquement. La donne a changé quand les dirigeants français, allemand, britannique et polonais se sont rendus à Kiev le 10 mai pour imposer un ultimatum à partir de ce lundi 12 mai : si les armes ne se taisent pas totalement ils séviront, de concert avec les Américains…
Alors Poutine a dégainé les pourparlers du 15 mai pour donner le change, pour faire croire qu’il reste le maître des horloges. Le président russe n’a pas dit un mot sur la trêve que lui exigent les Occidentaux mais tout le monde a compris qu’il est pris dans une souricière, Washington s’agace, s’impatiente. Les Ukrainiens ont promis à Trump tout ce qu’ils pouvaient donner : leurs minerais plus leur pétrole et leur gaz. Le moins que le président américain puisse faire à présent c’est tenir la parole qu’il a donnée, à défaut de pouvoir clore cette guerre «en 24 heures», comme il s’y était engagé…
Trump veut faire du business, il veut vendre, commercer, et cet agenda ne fait pas bon ménage avec des armes qui parlent. Il a confié ce lundi qu’il est tout à fait possible qu’il se rende en Turquie jeudi prochain pour d’éventuelles négociations entre l’Ukraine et la Russie, s’il estime que ce déplacement peut faire avancer le dossier, face à un Poutine qui se cabre par exemple, ce qui est une forte probabilité.
«J’envisage de m’y rendre par avion. Je ne sais pas où je serai jeudi. J’ai tellement de réunions, mais j’ai pensé à prendre l’avion pour aller là-bas. Il y a une possibilité, je suppose, si je pense que des choses peuvent se produire», a dit le président américain à des journalistes à la Maison-Blanche peu avant son départ pour une tournée triomphale dans le Golfe.
Alors est-ce son enthousiasme devant les 600 milliards de dollars d’investissements promis par le prince héritier saoudien en janvier 2025 qui lui a fait dire ça ou est-ce la suite logique d’un engagement de campagne électorale ? Ce qui est certain c’est que Poutine avait posé comme condition des négociations directes avec les autorités ukrainiennes – il n’a pas nommé le président Volodymyr Zelensky -, sans doute parce qu’il se dit que la présence des Européens et même des USA renforcerait Kiev…
Le Kremlin pense que seul face à Zelensky il sera plus en mesure d’imposer sa volonté. Erreur, quand on voit tout ce que le chef de l’Etat ukrainien a accompli seul en plus de 3 ans de conflit, aux quatre coins du monde, devant tous les Parlements et dans toutes chancelleries occidentales. Un activisme et une intelligence tactique qui ont sans doute permis à Kiev d’éviter la fin rapide que beaucoup lui prédisaient.
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