Le Kremlin misait beaucoup sur Sergueï Sourovikine, le chef des forces russes en Ukraine, pour stopper la série de revers sur le terrain. Il n’aura tenu que trois mois, manifestement incapable de renverser la vapeur. Le président russe, Vladimir Poutine, vient de dégainer sa carte maitresse, sa dernière peut-être : le général Valéri Guerassimov, 67 ans, le patron de toute l’armée russe. Réussira-t-il là où une kyrielle de généraux ont échoué ?
En tout cas c’est la mission que lui a assignée Poutine, littéralement aux abois face à la montée en puissance de l’adversaire alors que les forces de Moscou décroissent. L’annonce a été faite hier mercredi 11 janvier par le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, rapporte BFM TV. Sourovikine, qu’on surnommait “le général Armageddon“, devra se contenter d’un second rôle, derrière le très flamboyant Guerassimov. Et si ce dernier n’y arrive pas alors là…
Les déroutes de l’armée russe, surtout la débâcle de Kherson, continuent d’agiter les esprits à Moscou. “La hausse du niveau de commandement de l’opération spéciale (en Ukraine) est liée à un élargissement de l’ampleur des missions à accomplir, à la nécessité de mener une interaction plus étroite entre les composantes des forces armées“, a argué le ministère russe pour tenter de justifier ce qui de toute évidence est un aveu de faiblesse.
On n’a pas beaucoup vu le chef d’état-major des armées depuis que les chars russes ont envahi l’Ukraine, en février 2022. L’homme, qui croule sous les décorations militaires, a été vu le 27 février 2022 aux côtés du ministre de la Défense face à Poutine. Ce dernier, qui donnait encore le change, dévoilait publiquement ses instructions pour terrasser rapidement la “petite” Ukraine. La Russie y est encore presque un an après, embourbée jusqu’au cou…
Le général Pierre de Villiers, qui fut le chef d’état-major des armées françaises de 2014 à 2017, dit ceci du nouveau commandant des troupes russes en Ukraine : “Ce que j’ai constaté, c’est qu’il ne reconnaissait qu’une chose, le rapport de force. Pas l’élément de langage, pas l’éclat de voix, le rapport de force, le vrai (…). Il me parlait sans arrêt de l’Otan, de la menace de l’Occident sur la Russie avec une agressivité que je n’admettais pas“, a ajouté le général français.
Par ailleurs il est presque unanimement reconnu que Guerassimov est l’initiateur de la “guerre nouvelle génération“, dénommée également “doctrine Guerassimov“. C’est une forme de guerre hybride où les exploits militaires sont combinés avec des campagnes de désinformation, même quand les canons se taisent. Cette propagande orchestrée au sommet de l’Etat – le Kremlin – a prospéré en France et en Europe par le canal de RT ou Sputnik. L’invasion de l’Ukraine y a mis un terme, mais en Afrique elle sévit toujours à travers le groupe Wagner.
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