Economie

Un étrange silence doublé d’une inquiétante léthargie

Un étrange silence doublé d’une inquiétante léthargie

De toute évidence quelque chose ne tourne pas rond sous le soleil tunisien, et il suffit de tendre l’oreille pour s’en rendre compte. Et qu’entend-on quand on tend l’oreille ? Justement rien. On n’entend rien, il ne se passe rien, à part un petit bouillonnement culturel. Cette étrange léthargie à tous les niveaux, sans précédent depuis la dite Révolution, est sans doute l’événement le plus terrifiant du moment. Un important investisseur s’est confié sur sa lecture des événements…

Il pointe l’instabilité et la gymnastique fiscales, lesquelles s’illustreront cette année par un matraquage qui pourrait plomber le peu qui fonctionne encore : le secteur privé.

Il souligne également la tension croissante entre l’UGTT et l’exécutif, alors qu’ils sont censés être main dans la main pour conduire les réformes clés promises au FMI et dont l’avenir de la Tunisie dépend.

Cet investisseur a fait part de sa stupeur et de sa perplexité face aux dissonances entre l’idée que le président de la République se fait des agences de notation et l’impact de ces dernières dans les horizons financiers que peut s’ouvrir la Tunisie. On soulignera juste qu’on a entendu le chef de l’Etat protester après la tuile sur la notation de la Tunisie en octobre dernier, mais pas quand la bonne nouvelle est tombée le 1er décembre. Comme quoi les vérités d’aujourd’hui ne sont pas nécessairement celles de demain.

Le niveau des réserves de devises est également une source d’inquiétude pour cet investisseur. Surtout qu’il faudra attendre la fin de ce mois de décembre, voire janvier 2023 pour avoir une éclaircie, à travers la première des 9 tranches du prêt de 1,9 milliard de dollars du FMI.

Notre interlocuteur s’est également ému de la fuite des compétences, une machine parfaitement huilée. Une affaire qui n’émeut personne, et pire : Elle est même régulièrement célébrée par les services dont elle relève, l’ATCT, si elle n’est pas applaudie des mains par le ministre de l’Enseignement supérieur. Qui pour relever le pays si les meilleurs partent ? Comment remettre sur pied à court terme une main d’oeuvre qualifiée dont la Tunisie a besoin pour se développer ? Il faut poser ces questions à nos responsables.

Autre problème évoqué : la faiblesse endémique de la gouvernance locale. Vers où se tourner en cas de pépin ? Mystère. Des réglages qu’il faudra opérer en urgence avant que la décentralisation installe ses quartiers.

Enfin le silence de mort autour du rendez-vous électoral de ce 17 décembre. Il est vrai que le Tunisien ne se passionne pour rien, à part les pénuries cauchemardesques qui polluent son quotidien. Le citoyen s’est un peu enflammé pour la Coupe du Monde de football mais le soufflet est vite retombé quand les Aigles de Carthage ont été éliminés. Pourtant il devrait se passer des choses à moins de deux semaines des législatives, ça devrait bouillonner un peu. Rien n’y fait…

Mais il faut dire aussi que c’est la conséquence immédiate d’un scrutin où les partis politiques ont été évincés, au nom d’une nouvelle expérience démocratique unique dans le monde. Certes les partis politiques locaux ont laissé beaucoup de plumes dans les errements du défunt Parlement, la popularité et la crédibilité des politiciens tendent vers zéro – à part peut-être Abir Moussi -, mais le fait est qu’on n’a pas trouvé mieux pour animer la vie démocratique. On n’a pas encore inventé une autre façon de faire en dehors des canaux des partis politiques.

De l’avis de cet investisseur la Tunisie a un gros atout : Sa proximité avec l’Europe. Mais voilà, il y a tellement de trains qui n’arrivent pas à l’heure que cette carte maîtresse est inopérante pour le moment.

 

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