Economie

Un expert international déballe ce que planquent les autorités : Accrochez-vous

Un expert international déballe ce que planquent les autorités : Accrochez-vous

Après les confidences de Mahmoud El May, ingénieur et expert international dans le secteur pétrolier, il sera très difficile pour le gouvernement de continuer à lambiner, louvoyer autour des difficultés sans précédent qui peuplent le quotidien des Tunisiens. D’après lui banaliser les problèmes d’approvisionnement en carburant sera hautement préjudiciable… 

La France n’est pas la Tunisie…

D’abord une mise au point sur une contrevérité sur laquelle prospèrent certains – vous devinerez aisément qui : la situation de la France est sans commune mesure avec les problèmes de la Tunisie. Là-bas il y a des grèves qui paralysent le travail dans les raffineries, en terre tunisienne on a un problème de ressources, de sous, a indiqué l’expert ce mardi 11 octobre, sur une radio privée…

«S’il y a un danger imminent, l’armée dispose-t-elle de suffisamment de carburant pour y faire face ? La situation est grave, en plus certains essayent de minimiser les problèmes».  Il y a un manque total de transparence en Tunisie sur l’état du stock commercial et du stock stratégique, a-t-il asséné.

Le DG des hydrocarbures l’a avoué, même si…

El May a rappelé qu’il avait alerté en mars dernier sur les retards de paiement, surtout que la prime mentionnée dans le contrat de novembre 2021 est nettement en-dessous de celle appliquée actuellement, ce qui fait que les fournisseurs, face aux impayés, se tournent vers d’autres clients.

Selon lui il n’y a pas de crise de distribution de pétrole dans le monde, le seul frein est l’absence de liquidités en Tunisie…

Rappelons que le mois dernier Rachid Ben Daly, directeur général des Hydrocarbures au ministère de l’Energie, l’avait avoué publiquement, même s’il a tenté de justifier la énième hausse des prix à la pompe par la flambée du baril de pétrole sur le marché mondial (c’était faux le 19 septembre 2022, ça l’est encore ce 11 octobre même si les tarifs du brut ont légèrement augmenté depuis).

C’est tout vu : c’est un problème de devises

L’expert est formel : C’est l’assèchement des devises qui est derrière ces pépins. Dans un premier temps l’Etat a oxygéné le marché en tapant dans le stock stratégique, ce que des responsables ont avoué publiquement. Présentement on ne sait pas quel est le niveau du stock stratégique du pays, a dit l’ingénieur et expert, rappelant que le principe dans le bassin méditerranéen est d’avoir au minimum 90 jours de consommation.

«Nous sommes tombés à 45 jours. Je crois que le stock stratégique est actuellement au plus bas et je ne connais pas la période qu’il peut couvrir. Aujourd’hui la cargaison qui débarque est automatiquement ventilée sur le marché, sans en stocker une partie. La crainte est que l’activité économique soit stoppée net durant une semaine si une cargaison ne répond pas aux normes de la Tunisie…», a confié El May.

Les structures publiques sont sur la paille

Par ailleurs il a déballé que la trésorerie de la Société tunisienne des industries de raffinage (STIR) et de l’Entreprise tunisienne d’activités pétrolières (ETAP) fait état de 2,5 milliards de dinars d’impayés pour chaque société. C’est la preuve, toujours d’après lui, que l’ETAP n’est pas en train de régler ses factures en Tunisie et qu’il n’est pas exclu que les créanciers saisissent les juridictions internationales. A cela s’ajoute le trou abyssal de la Caisse de compensation, -6 milliards de dinars.

L’expert a déclaré que dans le temps les fournisseurs pouvaient s’adosser sur les garanties des banques tunisiennes pour importer, c’est terminé, ils sont maintenant contraints de puiser dans leurs fonds propres pour financer leurs achats. Trop lourd à porter pour El May…

C’est du reste ce qu’avait souligné le 27 septembre dernier le président du Cercle des financiers tunisiens, Abdelkader Boudriga.

Après la pluie le beau temps ?

Mais il y a pire : Dès le mois prochain aucun fournisseur ne voudra, dans le cadre de l’appel d’offres de 2023, être payé avec un open account qui va courir sur les trente jours qui suivent la livraison. Imaginez le chaos dans le pays…

Toutefois il y a une voie pour sortir par le haut de toute cette affaire : La libéralisation du secteur. Il reviendra à l’Etat de fixer les prix de vente, la part de la compensation et les taxes publiques, mais chaque opérateur est tenu de garantir 45 jours de stock stratégique. L’Etat devra tout au plus s’acquitter des frais de stockage.

Par ailleurs l’Etat devra se dégager des marges budgétaires pour financer ses achats en carburant et rationaliser la subvention…

 

 

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