Un malheur n’arrive jamais seul. Les tout-puissants USA qui perdent la main chez l’alliée de toujours, l’Arabie saoudite. Et maintenant la perte d’influence se répand jusque chez l’alliée historique, celle que les Américains ont aidé à se sortir de la terreur allemande durant la Deuxième Guerre Mondiale : l’Europe. D’après une nouvelle étude réalisée par European Council on Foreign Relations (ECFR), la plupart des Européens ne veulent pas se ranger derrière les Etats-Unis en cas d’affrontement avec la Chine sur le dossier de Taïwan…
Le président chinois Xi Jinping a promis à ses concitoyens de récupérer, par la force s’il le faut, l’île rebelle de Taïwan, qui nargue Pékin par sa démocratie florissante et ses succès économiques. Mais dans cette affaire les Européens ne souhaitent pas aller aussi loin que le président américain, Joe Biden, qui s’est engagé à défendre militairement Taïwan pour empêcher que l’ogre chinois l’avale. Plus de 60% des citoyens européens sondés dans 11 pays membres de l’Union européenne (UE) affichent leur neutralité.
Cette enquête, publiée hier mercredi 7 juin, ne plaira pas du tout à Washington, mais au moins elle a le mérité d’éclairer les lanternes des Américains sur les actes qu’ils poseront dans leur bras de fer avec les Chinois. Biden sait désormais qu’il ne pourra pas compter sur les Européens dans sa croisade contre Jinping. Les pays de l’UE pourraient faire prévaloir leurs intérêts avec la Chine et rester spectateurs…
Les républicains, Donald Trump surtout, avaient vertement reproché au président français Emmanuel Macron d’avoir défendu publiquement la fin du suivisme vis-à-vis des USA, sur Taïwan comme sur les autres grands dossiers. Ce sondage est la démonstration que Paris n’est pas le seul à envisager un destin autre que la solidarité systématique avec les Etats-Unis. Les Européens sondés sont d’avis que la Chine doit rester un partenaire stratégique, donc ni rival ni adversaire.
Par ailleurs l’enquête de l’ECFR établit que l’Allemagne et la Suède sont les deux nations les plus conciliantes avec la Chine. Normal me direz-vous vu le niveau des relations économiques entre Pékin et Berlin, d’ailleurs le chancelier allemand Olaf Scholz est allé voir Xi Jinping en novembre 2022 pour bétonner les partenariats et tracer de nouvelles routes.
“Les résultats du sondage montrent que la perception de la Chine par les Européens a étonnamment peu changé par rapport aux résultats du sondage réalisé en 2021“, indiquent les deux auteurs du rapport, Jana Puglierin et Pawel Zerka. L’opinion qui s’impose dans la quasi totalité des pays est que la Chine est un “partenaire nécessaire” de l’Europe…
Sauf quand ‘il s’agit de livrer des armes à la Russie, là 41% des citoyens interrogés seraient en faveur de sanctions contre Pékin. A noter que l’UE a déjà commencé à frapper des entreprises chinoises accusées de faire affaire avec Moscou et donc de gonfler le trésor de guerre de Vladimir Poutine…
Soulignons tout de même qu’en Hongrie – ce n’est pas une surprise – en Autriche, en Italie – c’est un peu plus surprenant après l’accueil chaleureux qu’a eu le président ukrainien récemment à Rome – et en Bulgarie les sondés sont majoritairement opposés à tout type de sanction contre la Chine, même au cas où elle apporterait un soutien militaire à la Russie.
Globalement la perception qu’ont les Européens des États-Unis en tant qu’alliés est meilleure depuis 2021. Mais les trois quarts des sondés soutiennent que l’Europe ne peut pas “toujours compter sur les États-Unis” et qu’elle doit avoir ses propres forces de défense.
“La principale conclusion de notre enquête est que les Européens souhaitent que l’UE devienne plus autonome en matière de politique étrangère et qu’elle renforce ses propres capacités de défense“, commente Jana Puglierin…
“Ces exigences ne sont pas nouvelles pour l’UE, ou pour les dirigeants de ses États membres, mais elles ont été aiguisées par la guerre en Ukraine et les tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine“, a-t-elle ajouté.
Enfin les Européens pensent que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en 2024 impacterait négativement l’alliance avec les USA…
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