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Un sérieux avertissement pour Saied, Moussi et tous les autres

Un sérieux avertissement pour Saied, Moussi et tous les autres

Le chef de l’Etat, Kais Saied, tel qu’on le connait, ne le reconnaîtra jamais publiquement, mais il a dû guetter les chiffres de la mobilisation de ses soutiens hier dimanche 8 mai. Et peut-être qu’il a été déçu, mais il ne faut pas. D’abord parce qu’un parti au pouvoir, qui a d’ailleurs tous les leviers du pouvoir, mobilise rarement dans la rue. Parce que ses partisans se disent qu’après tout avec tout ce qu’elle a entre mains, une formation au pouvoir n’a pas besoin d’être défendue, sauf quand il s’agit de se déplacer pour aller voter. En tout cas c’est ainsi que ça se passe dans toutes les démocraties du monde. Donc de ce point de vue cet appel à manifester est un non-sens absolu. Mais après tout on est censé être en démocratie, alors… Il y a surtout tout le reste que les pro-Saied ou l’opposition perdent de vue…

C’est cette réalité palpable : Les citoyens sont fatigués du barouf d’enfer des partis politiques. Cette politisation à outrance de tout, même les fêtes de la République, commence à user les nerfs des Tunisiens. Ces derniers ont de vrais problèmes qu’ils se farcissent au quotidien et pour lesquels ni les pouvoirs publics ni les politiciens n’ont de solutions. Alors que la classe politique se le tienne pour dit : Descendre dans la rue ne paye plus…

La jeune démocratie montre des signes d’épuisement – et oui, déjà – après 10 ans d’errements par la faute des mêmes politiciens qui ont l’outrecuidance de demander aux citoyens de battre le pavé. Le fait que les Tunisiens boudent ostensiblement toutes les manifestations, quelles qu’elles soient, est la meilleure réponse face à l’incurie des politiciens.

Mettons-nous d’accord : On ne fait pas ici le distinguo entre les partisans du parti de la République et les autres. Quand on mobilise à peine 2000 manifestants – un peu plus, un peu moins, peu importe -, on peut l’appeler comme on veut, le tourner dans les sens, prendre les chiffres par le bout qu’on veut, ce n’est pas une réussite. Et c’est valable aussi pour tous les partis de l’opposition qui ont appelé à manifester ces derniers mois pour défendre la démocratie, les libertés, les droits humains et tout ce que vous voulez. Personne n’arrive à faire bouger les gens…

Alors il faut en tirer les enseignements qui s’imposent. D’abord pour le chef de l’Etat : la faible mobilisation du 8 mai est la preuve, s’il en fallait, que la Tunisie n’est pas un immense champ de partisans. Si le président de la République demeure très populaire c’est parce qu’il s’est engagé à faire et changer un certain nombre de choses, et que les Tunisiens lui accordent le bénéfice du doute, un préjugé favorable qui est censé l’aider à aller au bout de ses chantiers. Il a intérêt à être au rendez-vous

Pour la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, le fait que l’interdiction de manifester en direction du palais de Carthage ne fasse aucune vague et que les gens vaquent tranquillement à leurs occupations est la preuve qu’elle n’est pas le centre de la vie politique du pays. Il faudra que la “lionne” – ce sont ses partisans qui l’appellent ainsi – aient d’autres cordes à son arc pour s’imposer dans la tête et le coeur des électeurs. Le fait de battre le pavé, d’occuper l’espace médiatique et même d’ameuter la communauté internationale c’est bien, mais préparer un programme économique copieux pour l’emporter dans les urnes c’est encore mieux…

 

 

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