Politique

Une contradiction bien tunisienne sur “France 24” : L’islam rayé de la Nouvelle Constitution alors qu’on vire des magistrates pour outrage aux moeurs

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Le coordinateur de la Commission consultative pour une nouvelle République, Sadok Belaïd, avait bien ficelé son affaire en annonçant qu’il allait gommer dans la nouvelle Constitution la référence à l’islam qui loge dans le fameux Article 1er de la Constitution de 2014. Il l’a dit sur France 24, une chaîne qui est née sur une terre de laïcité. Donc forcément si le chef de l’Etat tunisien, Kais Saied, entérine le projet de Sadok Belaïd ça plaira beaucoup aux Français et aux Occidentaux en général. Mais voilà, il y a ces bruits autour du limogeage de deux magistrates – parmi les 57 éjectés – au motif qu’elles sont mouillées dans des affaires de moeurs. Le hic c’est que c’est la même chaîne sur laquelle Belaïd a fait son annonce – France 24 – qui relaye cette affaire de moeurs, rejointe par RFI

«Pas de justice, ni de loi, si cela se fait avec des appels passés par le palais de Carthage», clamaient les juges, avocats et militants de la société civile qui battaient le pavé hier mercredi 8 juin devant le Tribunal de Tunis. Mais les chaines françaises soulignent qu’il y avait une majorité de femmes parmi les manifestants et ce qui les a surtout mobilisées c’est leur indignation suite au limogeage de deux magistrates juste parce qu’elles sont accusées d’avoir violé les préceptes de la bienséance, de la morale et de la religion…

«C’est scandaleux, et ça dénote même pas seulement de l’absence d’éthique mais de l’absence même d’humanisme», a déclaré sur RFI (Radio France Internationale) l’avocate Bochra Bel Haj Hmida. “Nous sommes là pour protester contre l’instrumentalisation des femmes, de leur vie privée et de leur corps dans des histoires politiques“, a confié l’une des manifestantes à France 24

Si l’homme qui souffle à l’oreille de Kais Saied a réservé l’exclusivité de son annonce à une chaîne française regardée dans le monde entier c’est bien parce qu’il entend donner un large écho à une démarche visant à rassurer les amis et partenaires de la Tunisie sur des principes universels de tolérance, de coexistence pacifique entre toutes les religions, de libre-exercice de toutes les religions et même le droit d’être anti-religieux. Mais le fait est que cette affaire de limogeage des magistrates pour des affaires de moeurs pollue le projet de Sadok Belaïd et interroge. Le président de la République devra clarifier la situation au plus vite…

Toutefois le vrai test sera la nouvelle Constitution, quand il s’agira d’enterrer la référence à l’islam qui nous a été imposée par les islamistes de Ennahdha après des débats surréalistes dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale constituante (ANC). Est-ce que le chef de l’Etat ira jusqu’à faire tomber ce symbole fort ? Nous le saurons très rapidement puisque le texte fondamental, qui ne fera pas plus qu’une dizaine de pages, est censé être livré ce 15 juin

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