A la une

Une diplomatie de haut vol qui rapportera : Grâce au roi du Maroc le Burkina libère 4 “espions français” présumés

Une diplomatie de haut vol qui rapportera : Grâce au roi du Maroc le Burkina libère 4 “espions français” présumés

La symbolique est forte et sa portée encore plus, après le rapprochement historique scellé par la France et le Maroc, couronné par la visite d’Etat du président Emmanuel Macron à Rabat en octobre dernier. 4 ressortissants français accusés d’espionner pour le compte de la DGSE (Direction générale du renseignement extérieur français) ont été libérés grâce à la médiation du roi du Maroc, Mohammed VI. Ils étaient détenus dans les geôles du Burkina Faso depuis décembre 2023. Ils auraient pu y rester un  paquet d’années à cause de la rupture des relations entre Paris et Ouagadougou, l’intervention du souverain marocain leur permet de passer les fêtes de fin d’année après de leurs familles, en France.

La diplomatie sert à ça, elle sert à débloquer des situations inextricables ; le royaume chérifien a posé des jalons très solides en Afrique subsaharienne, cette libération en apporte la démonstration. La bonne nouvelle a été annoncée par le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. Un communiqué du palais de l’Élysée l’a corroborée : Le président français «s’est entretenu hier, mercredi 18 décembre 2024, au téléphone avec Sa Majesté le roi Mohammed VI, Roi du Maroc, afin de le remercier chaleureusement de la réussite de la médiation qui a rendu possible la libération de nos quatre compatriotes retenus depuis un an au Burkina Faso».

Pour rappel les 4 Français avaient été cueillis dans la capitale burkinabé le 1er décembre 2023, les autorités locales les avaient présentés comme des agents de la DGSE. Une source diplomatique française avait pourtant affirmé qu’il s’agissait de fonctionnaires titulaires de passeports diplomatiques et de visas, tout en balayant «les accusations selon lesquelles ces techniciens auraient été envoyés au Burkina Faso pour d’autres motifs que leur travail de maintenance informatique»…

Mais on sait qu’aucun Etat à travers le monde ne pousse la transparence jusqu’à reconnaître officiellement qu’il envoie des agents pour espionner un autre Etat. Ce sont des choses qu’aucune nation n’avoue, qu’elle soit démocratique ou pas. Alors en l’occurrence peut-être que Ouagadougou a raison, peut-être qu’il a tort. On ne saura jamais. Ce qui est certain c’est que sans l’entremise d’un pays tiers on ne voit pas comment ces espions présumés auraient pu sortir des griffes du capitaine Ibrahim Traoré, chef de la junte militaire qui a mené en septembre 2022 le deuxième coup d’Etat en 8 mois.

Depuis les liens historiques entre le Burkina et la France se sont distendus. Ouagadougou a déchiré début 2023 l’accord militaire bilatéral datant de 1961, après avoir poussé vers la sortie tous les soldats français stationnés dans le pays. L’ambassadeur français Luc Hallade a disparu, en lieu et place il y a un simple chargé d’affaires. En avril 2024 deux conseillers politiques de l’ambassade français ont été éjectés du sol burkinabé, pour “activités subversives“, soutiennent les putschistes…

Par contre le Maroc lui capitalise sur ses excellentes relations avec le capitaine Traoré (lui au moins ne s’est pas encore autoproclamé Général, comme au Mali et en Guinée), mais également avec les autres pays de l’Alliance du Sahel (AES). C’est cette place très spéciale accordée à Rabat qui a permis de tirer Paris de ce mauvais pas. Le président Macron ne s’imaginait certainement pas ces retombées quand il a décidé le 30 juillet 2024, à la surprise générale – surtout pour l’Algérie -, de basculer dans le camp marocain sur le dossier du Sahara occidental…

L’ironie du sort c’est que la France, la Grande puissance coloniale, a perdu tellement de terrain en Afrique qu’elle va se servir des réseaux du Maroc sur le continent pour regagner certaines positions. Le vent de l’histoire a tourné. Le reste c’est Macron et Mohammed VI qui l’écriront en 2025. Le président français l’a convié à Paris pour signer un nouveau partenariat stratégique, à l’occasion du 70e anniversaire de la Déclaration qui acta l’indépendance du Maroc. Rabat ne peut que répondre présent.

 

 

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut