Economie

Une grève générale paralyse la Tunisie : les répercussions

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La Tunisie est paralysée aujourd’hui, jeudi 16 juin 2022, par une grève générale observée par 159 établissements publics, pour protester contre le refus du gouvernement de négocier un ensemble de revendications professionnelles au profit du secteur public. Hier, Wajih Zidi, secrétaire général de la Fédération des transports, qui rassemble les plus importants établissements en grève, a déclaré que la grève sera observée par 15 entreprises de transport terrestre et que le trafic aérien sera perturbé dans tous les aéroports du pays, avec l’annulation de vols à destination et en provenance de la Tunisie.

Selon des sources syndicales, 49 vols qui devaient être assurés par les avions de la Tunisair vont être annulés. La grève a touché tous les secteurs vitaux, car le travail a cessé dans toutes les établissements sous tutelle à la présidence de la république et la présidence du gouvernement, ainsi que plusieurs secteurs tels que le transport, la santé, l’éducation, l’équipement, le commerce, les affaires sociales, etc.

Le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail Noureddine Taboubi a déclaré que la grève a pour objectif de « défendre les droits économiques et sociaux des travailleurs, après que le gouvernement a tardé à répondre à nos revendications légitimes ». La centrale syndicale a ajouté dans un communiqué que le gouvernement n’a pas exprimé une réelle volonté pour trouver une issue lors de la séance de négociation qui s’est déroulée lundi 13 juin courant en réponse aux revendications syndicales afin d’éviter le pays dans cette situation.

Les données du Forum Tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) attirent l’attention sur la situation sociale et économique tendue du pays, puisqu’il parle de l’enregistrement de 734 mouvements de protestation dans le pays au cours du mois d’avril et de 582 mouvements au cours du mois de mai dernier.

Najla Arfa, membre du forum a rapporté que 31% des protestations étaient contre les bas salaires. Sous ce même angle, elle a souligné que 76% du total des protestations sont de nature économique et sociale, et 66% d’entre elles sont contre les politiques publiques, et la détérioration des services publics.

Il est certain que la grève générale ne mettra pas fin au conflit entre les syndicats et le gouvernement, étant donné que chaque partie cherche à imposer un fait accompli, surtout que le syndicat ne reculera pas devant la demande d’augmentation des salaires et une amélioration du pouvoir d’achat des salariés épuisés par l’inflation.

Il est également probable que le syndicat ira vers d’autres formes de protestation après la grève générale dans le secteur public en raison de la situation sociale dans le pays et de la hausse des prix et l’inflation.

Notons que la Tunisie est engagée dans des négociations avec le FMI afin d’obtenir un prêt de 4 milliards de dollars, mais le fonds exige un certain nombre de réformes douloureuses, notamment la suppression des subventions, l’arrêt des augmentations de salaires, la privatisation d’un certain nombre d’établissements publics confrontées à des difficultés économiques et un accord concluant avec le parti syndical.

Le coût de la grève générale dans le secteur public est estimé à un montant de 200 et 300 millions de dinars. L’inflation, a atteint 7,8% en glissement annuel en mai dernier, contre 7,5% en avril, proche du niveau le plus élevé depuis 30 ans. Au début de ce mois, le gouvernement tunisien a annoncé son intention d’annuler progressivement les subventions aux produits de base et à l’électricité, ainsi que le gel des recrutements dans le secteur public.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek
Tags: FMI