Les relations entre Washington et Tunis traversent, et le mot est faible, une zone de turbulence, du fait de l’intransigeance du chef de l’Etat tunisien sur le cap qu’il a fixé et en face les exigences fortes du département d’Etat américain sur les idéaux démocratiques. La dernière rencontre entre le président tunisien et une délégation du Congrès a été abondamment commentée. Aujourd’hui c’est au tour des membres de cette délégation d’éclairer nos lanternes. Ce qu’on retient essentiellement c’est que les inquiétudes des Américains sur les développements en Tunisie sont vivaces et pourraient même torpiller le partenariat, Kais Saied de son côté s’est engagé à “organiser des élections législatives inclusives en décembre” et enfin les visiteurs ont admis que la démocratie américaine avait aussi ses problèmes…
Les sénateurs Chris Coons (D-Del.) et Rob Portman (R-Ohio) et les représentants américains David Price (D-N.C.) et Chrissy Houlahan (D-Penn.) ont publié aujourd’hui la déclaration suivante après avoir participé à une délégation du Congrès en Tunisie :
“Nous faisions partie d’une délégation bipartite et bicamérale en Tunisie aujourd’hui pour réaffirmer notre partenariat de longue date et profond. En tant que partenaires, nous devons nous tenir mutuellement responsables de nos engagements et mieux relever les défis de nos sociétés ouvertes et libres.
La Tunisie a inspiré le monde en 2011, lorsque des manifestations pacifiques généralisées ont conduit à la chute du régime de Ben Ali, mettant fin à des décennies de régime autoritaire et lançant une nouvelle ère de liberté et de démocratie. Maintenant, cette démocratie est à un tournant critique.
Au cours de notre visite, nous avons rencontré d’éminents dirigeants de la société civile pour entendre leurs préoccupations concernant la démocratie en Tunisie. De nombreux Tunisiens ont exprimé leur inquiétude face aux efforts spectaculaires du président Saied pour réformer la constitution, notamment en remplaçant de nombreux juges et en suspendant le parlement.
Nous avons rencontré le président Saied pour soulever ces questions et mieux comprendre ses récentes actions et réformes politiques. Nous avons été encouragés par le fait que le président Saied s’est engagé à organiser des élections législatives inclusives en décembre et à protéger la liberté d’expression et de réunion. Ces engagements sont fondamentaux pour l’avenir démocratique de la Tunisie.
Depuis 2011, les États-Unis ont fortement soutenu la Tunisie et fourni plus de 2 milliards de dollars d’aide qui profitent directement au peuple tunisien par le biais d’opportunités économiques, d’éducation, de soins de santé et d’infrastructures. Bien que nous prévoyions de poursuivre notre partenariat solide, les efforts visant à saper les institutions démocratiques tunisiennes risquent d’avoir un impact sur nos relations et cette aide essentielle.
Nous avons également du travail à faire chez nous pour renforcer et soutenir nos institutions démocratiques. Grâce à une communication ouverte et honnête, nous espérons que nos nations pourront travailler ensemble pour sauvegarder la démocratie et protéger les droits et libertés de nos citoyens”.
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