Maghreb

Une nouvelle ère de coopération entre l’Algérie et l’Inde

Une nouvelle ère de coopération entre l’Algérie et l’Inde

La présidente de l’Inde, Drupadi Murmu, a achevé ce mercredi une visite d’État inédite en Algérie, marquant une étape clé dans les relations bilatérales entre les deux pays. Cette visite, qui a duré quatre jours, a permis d’ouvrir des discussions stratégiques pour renforcer la coopération économique et commerciale, dans un contexte où l’Algérie cherche à diversifier ses partenaires en dehors de son cadre traditionnel européen.

L’Algérie tourne vers l’Inde en plein révision des accords européens

Le timing de cette visite est loin d’être anodin, car elle coïncide avec l’annonce du président algérien Abdelmadjid Tebboune concernant la révision de l’accord de partenariat avec l’Union européenne, prévue pour 2025.

L’Algérie, qui ambitionne d’atteindre un PIB de 400 milliards de dollars d’ici 2027, se tourne désormais vers des partenaires économiques émergents, et l’Inde se profile comme un acteur majeur dans cette stratégie. Avec un taux de croissance de 7 % pour la troisième année consécutive, l’Inde aspire à devenir la troisième plus grande économie mondiale d’ici la même période.

Un partenariat économique prometteur

Les échanges commerciaux entre les deux pays ont oscillé autour de 2 milliards de dollars ces dernières années, avec un pic en 2018 à 2,9 milliards avant une baisse progressive due à la pandémie de COVID-19. Lors de discussions bilatérales, Tebboune a souligné l’importance de “promouvoir la coopération économique et encourager les investissements bilatéraux”.

Le président a également évoqué la préparation d’une session de la commission mixte de coopération, soulignant l’urgence de renforcer les relations d’affaires à travers des rencontres entre les hommes d’affaires des deux nations.

Un forum économique algéro-indien fructueux

Le forum économique, tenu à Alger avec la participation de plus de 300 opérateurs économiques des deux pays, a abouti à des engagements significatifs pour établir des partenariats mutuellement bénéfiques. Parmi les annonces majeures, le Conseil algérien du renouvellement économique (CREA) et la Fédération indienne des chambres de commerce et d’industrie (FICCI) ont signé un protocole d’accord, renforçant les perspectives de coopération dans les domaines de l’énergie, de la technologie et de l’agriculture.

Le président du CREA, Kamel Moulai, a mis en avant les récentes réformes économiques algériennes, notamment la nouvelle loi sur l’investissement, pour attirer les partenaires indiens. Il a également évoqué la mise en œuvre de plus de 9 000 projets d’investissement en Algérie, soulignant des secteurs comme la pharmacie, la chimie et le tourisme comme étant prometteurs pour une coopération renforcée.

Une réorientation géopolitique stratégique

Le contexte de cette réorientation vers l’Inde s’inscrit dans une dynamique où l’Algérie réévalue ses alliances traditionnelles, en particulier avec l’Union européenne. Selon l’ancien ministre de l’Industrie, Hachemi Jaâboub, l’accord de partenariat avec l’UE a longtemps été perçu comme un “contrat désavantageux“, contraignant l’Algérie à des concessions douanières sans véritable contrepartie. Il souligne que l’Inde, rival économique croissant de la Chine, offre à l’Algérie une diversification nécessaire de ses sources d’importation et de financement.

Pour l’analyste économique Omar Haroun, cette nouvelle politique de partenariat reflète le désir de l’Algérie de se détacher de la tutelle économique européenne, en particulier dans le contexte post-colonial, où les relations avec les anciennes puissances coloniales sont souvent teintées de ressentiment. En revanche, les partenariats avec des nations émergentes, telles que l’Inde, sont considérés comme plus égalitaires et prometteurs.

Vers une coopération industrielle et technologique accrue

La visite de la présidente Murmu a également permis de jeter les bases d’une collaboration accrue dans des secteurs stratégiques tels que l’industrie pharmaceutique, l’agriculture et les technologies de l’information.

L’Inde a notamment mis en avant son expertise dans le domaine des infrastructures ferroviaires et agricoles, ainsi que son savoir-faire technologique, des secteurs où l’Algérie a exprimé un intérêt croissant pour développer ses capacités locales.

Un partenariat à fort potentiel pour l’avenir

Cette visite marque un tournant pour les relations algéro-indiennes, ouvrant la voie à des partenariats solides dans plusieurs secteurs clés. En élargissant ses horizons économiques au-delà de l’Europe, l’Algérie cherche à diversifier ses alliances et à s’assurer une position plus compétitive dans l’économie mondiale, tandis que l’Inde trouve en l’Algérie une porte d’entrée stratégique pour renforcer sa présence en Afrique.

 

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