Diaspora

une première dans l’Union européenne : L’Autriche suspend le regroupement familial

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L’Autriche a annoncé, lundi, la suspension temporaire du regroupement familial pour les réfugiés, une première au sein de l’Union européenne. Le gouvernement de coalition dirigé par le chancelier conservateur Christian Stocker justifie cette décision par une saturation des capacités d’accueil du pays. La mesure est effective pour six mois, mais pourra être prolongée jusqu’en mai 2027.

« Nous avons atteint les limites de nos capacités d’accueil », a déclaré Claudia Plakolm, ministre autrichienne de l’Intégration. Elle a évoqué une volonté de « protéger les systèmes » de santé, d’emploi et d’éducation, mis à rude épreuve selon elle par l’augmentation du nombre de réfugiés sur le territoire. « La tâche est titanesque », a-t-elle ajouté, évoquant les difficultés rencontrées pour l’apprentissage de l’allemand, l’insertion professionnelle et la scolarisation.

Une montée en pression dans un contexte politique tendu

Cette décision intervient alors que l’Autriche fait face à un contexte politique sous tension, marqué par la montée en puissance de l’extrême droite. Lors des dernières élections législatives de septembre 2024, le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ), formation nationaliste, a enregistré une victoire historique. S’il n’a pas réussi à former une coalition gouvernementale, il demeure largement en tête dans les sondages.

La pression s’est donc accrue sur le gouvernement de coalition composé de conservateurs, de sociaux-démocrates et de libéraux, pour adopter une ligne dure sur la politique migratoire. Cette suspension du regroupement familial semble répondre à cette exigence sécuritaire et identitaire.

Des chiffres en hausse et une population ciblée

Selon les autorités autrichiennes, le pays a enregistré une « nette hausse » des arrivées de membres de familles de réfugiés déjà présents sur le sol national. En 2023, environ 9 300 personnes sont entrées en Autriche dans le cadre du regroupement familial, contre 7 800 en 2024. Le pays compte aujourd’hui 9,2 millions d’habitants.

L’écrasante majorité des bénéficiaires de ce regroupement familial vient de Syrie. Or, depuis la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre 2024, les autorités autrichiennes estiment que les conditions de sécurité se sont modifiées, et utilisent cet argument pour justifier un durcissement.

Une décision fortement contestée

Plusieurs ONG de défense des droits humains ont vivement critiqué la mesure. Pour Lukas Gahleitner, porte-parole de l’organisation Asylkoordination Österreich, cette suspension constitue une atteinte aux droits fondamentaux : « Il faut justifier d’une situation d’urgence pour suspendre le regroupement familial, ce qui n’est pas le cas en Autriche », a-t-il affirmé à l’AFP. L’organisation prévoit de déposer un recours en justice contre cette décision, qu’elle juge contraire aux normes européennes et internationales.

La suspension du regroupement familial par Vienne pourrait inspirer d’autres pays membres de l’Union européenne, alors que les débats autour de l’immigration se durcissent à l’approche des élections européennes.

Pour les défenseurs des droits humains, c’est une rupture préoccupante dans la tradition d’accueil et de respect des engagements internationaux. Pour le gouvernement autrichien, il s’agit avant tout de préserver la stabilité nationale.

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