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Une très mauvaise nouvelle pour Saied, une très bonne pour la Démocratie

Une très mauvaise nouvelle pour Saied, une très bonne pour la Démocratie

Le Tribunal administratif a retoqué le grand coup de balai au sein de l’appareil judiciaire opéré par le chef de l’Etat, Kais Saied. Donc au jour d’aujourd’hui, les 48 juges qui ont été rayés d’un trait restent, légalement, en place jusqu’à ce que Dame Justice tranche. C’est assurément un camouflet pour l’occupant du palais de Carthage, lui qui pensait que le sceau présidentiel suffisait à faire passer son affaire comme une lettre à la Poste. Saied a peut-être oublié, un peu trop vite, que la Tunisie a muté depuis le 14 janvier 2011 et qu’il sera très difficile de faire passer par pertes et profits la séparation des pouvoirs…

Et pour compliquer encore plus la tâche du président de la République, le Tribunal administratif requiert les éléments de preuve qui ont étayé la révocation des 54 magistrats par simple décret présidentiel, le 1er juin 2022. Le bateau Saied tangue, et l’avarie vient cette fois de la Justice, un des sanctuaires de la démocratie. Étrangement, la cheffe de ce département, Leïla Jaffel, n’a pas été vue avec son patron depuis plus de deux mois, alors que leurs entretiens étaient réguliers. Il y a anguille sous roche…

Pour ceux qui se faisaient du mouron pour la bonne santé de la jeune démocratie tunisienne, la bravade du Tribunal administratif leur apporte la preuve qu’il y a tout de même des acquis qu’il sera quasiment impossible d’enterrer. L’ironie du sort c’est que cette affaire intervient le lendemain des commentaires très négatifs du secrétaire d’État américain à la Défense sur les remous en Tunisie. Washington annonce la couleur : il continuera de harceler l’exécutif tunisien jusqu’à ce qu’il ait la certitude que les choses vont dans le sens que veulent les USA.

Pour le moment Tunis garde la mansuétude de la France et dans la foulée celle de l’Union européenne (UE), mais jusqu’à quand ? L’UE avait clairement fait savoir que la fin de cette année – les législatives de décembre 2022 – sera le point de départ de la reddition des comptes, sur la base de tout ce que les Européens ont soigneusement consigné. Et on peut être certain que plus ils donneront du temps à Saied plus ils seront sans concession sur les garanties démocratiques de l’après-Référendum.

Ce que les Américains disent aujourd’hui, avec le manque de nuances qu’on leur connait – ils ne versent pas dans les subtilités diplomatiques européennes – c’est ce que l’UE pourrait dire demain si Tunis n’est pas au rendez-vous. Saied doit le savoir : Même adossé sur une popularité sans égal depuis la dite Révolution, il n’aura jamais un chèque en blanc, ni de la part de la société civile tunisienne ni de la part des amis et soutiens de la Tunisie. Jamais.

À la cherté de la vie qui augure une rentrée de feu et à la paralysie économique presque totale avec tous les oeufs du pays dans le panier du FMI, s’ajoute ce dossier judiciaire explosif qui est certainement suivi de très près par les partenaires de la Tunisie. Saied a du pain sur la planche…

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