Economie

Urgent – Note : Restructuration inévitable de la dette

Urgent – Note : Restructuration inévitable de la dette

« Capital Economics » qui est un bureau international indépendant basé à Londres spécialisé dans les recherches économiques, vient de publier hier jeudi 25 novembre 2021 une note d’analyse intitulée « La position extérieure fragile de la Tunisie fait planer des risques sur le dinar ».

La position extérieure de la Tunisie est dans un état désastreux et les décideurs politiques disposent de peu de marges de manœuvres pour défendre le dinar, indique la note tout en soulignant que la monnaie nationale se dépréciera de plus de 10% par rapport à l’euro d’ici la fin de l’année prochaine avec des risques forts d’aggravation de cette déprécation.

La note assure que même avant la crise du COVID-19, la position extérieure de la Tunisie était en mauvais état alors que le déficit courant s’est réduit de 11,5% du PIB mi-2019 à 6,4% à la fin de l’année dernière, il s’est depuis creusé à nouveau et s’est établi à plus de 8% du PIB au deuxième trimestre écoulée.

L’aggravation récente de la situation du compte courant est due à un creusement du déficit commercial sachant que les exportations ont repris depuis le début de l’année mais les importations ont augmenté à un rythme beaucoup plus rapide, parallèlement à cela, la lente reprise du secteur du tourisme a pesé sur la balance des services ce qui signifie que le déficit du compte courant devrait rester important, affirme-t-on.

Sous ce même angle, il a été noté qu’au-delà de l’importance du déficit courant de la Tunisie, le financement du pays est également un sujet de préoccupation majeur du fait que les flux nets d’investissements directs étrangers (généralement considérés comme une forme de financement plutôt stable) sont faibles, en représentant seulement 1,6% du PIB au cours des quatre trimestres ayant précédé le deuxième trimestre 2021.

Au lieu de dynamiser l’investissement, la Tunisie s’est appuyée sur d’ « autres » sources de financement qui consistent en grande partie en financements bancaires qui équivalaient à 5,3% du PIB sur la même période, martèle « Capital Economics ». Le risque est qu’en cas de durcissement des conditions de financement extérieur, la Tunisie aura plus de difficultés à attirer ce niveau de flux.

Et pour cause, l’héritage, selon la note d’analyse économique, d’importants déficits courants au cours de la dernière décennie a causé une accumulation de dettes extérieures considérables. La dette extérieure totale s’élevait à 97% du PIB au deuxième trimestre 2021 et environ un quart de cette dette devrait arriver à échéance dans les douze prochains mois.

La ventilation sectorielle de la dette montre, en l’occurrence, que l’Etat a accumulé près de la moitié de toute la dette extérieure, suivi des entreprises (26%) et des banques (14%). Sur la base des tableaux des échéances des bailleurs de fonds, la dette extérieure à court terme de la Tunisie s’élève à 10,7 milliards de dollars (26% du PIB).

Ainsi, l’analyse qui a tracé un tableau chaotique de la position extérieure de la Tunisie évoque qu’une façon de montrer la gravité des risques externes est d’évaluer le besoin brut de financement extérieur c’est-à-dire la somme du déficit du compte courant et de la dette extérieure à court terme, en d’autres termes, les entrées de capitaux nécessaires au cours de l’année prochaine. Le besoin brut de financement extérieur est égal à 165% des réserves de change de la banque centrale faisant de lui l’un des ratios les plus élevés du monde émergent.

Pour conclure, il a été estimé que les besoins de financement extérieur combinés à des réserves de change relativement faibles, avec l’absence d’accord avec le FMI et à l’impossibilité d’accéder aux marchés des capitaux internationaux – le rendements des obligations souveraines en dollars s’élèvent à plus de 13%, bien au-dessus du seuil de 8 à 9% généralement associé à une réticence des pays émergents à emprunter sur les marchés de capitaux internationaux – laisse le dinar vulnérable à de fortes baisses.

« Capital Economics » prévoit actuellement une dépréciation de la devise de 12% face à l’euro, à 3,70/€, d’ici la fin de l’année prochaine. Mais, le cas échéant, les risques encourus sont fortement pesants, en particulier si la situation politique se détériore davantage. Une baisse du dinar augmenterait le coût pour l’Etat du service de ses importantes dettes extérieures et conforterait l’évaluation de la note selon laquelle une restructuration de la dette sera nécessaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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