L’impensable il y a encore quelques jours s’est produit hier mercredi 24 mai : la note AAA (c’est le Top) des USA, première économie de la planète, a été placée “sous surveillance” par l’agence de notation Fitch. Un séisme qui était du reste prévisible en raison du risque du défaut de paiement qui plane. Le déficit budgétaire des USA est colossal, quelque 31 400 milliards de dollars. Mais jusqu’ici les marchés ferment les yeux en pariant sur la toute-puissance américaine. Et bien tout cet édifice pourrait s’effondrer, entraînant avec lui l’économie mondiale…
Un géant aux pieds d’argile
Le relèvement du plafond de la dette et rapidement, c’est la seule chose qui peut sauver l’administration de Joe Biden et le pays. C’est la seule chose qui peut permettre à la machine de continuer à tourner : paiement des salaires du public, investissements publics, etc. Mais voilà, les républicains se font un malin plaisir de lambiner, de louvoyer pour porter des coups politiques à Biden, qui a de fortes chances de les battre aux élections de 2024.
Fitch indique dans son communiqué que sa décision «reflète les tensions politiques qui entravent la résolution du problème, comme de relever ou de suspendre le plafond de la dette alors que la date butoir approche rapidement». Le Congrès, dominé par les républicains, traîne les pieds pour permettre au gouvernement d’emprunter au-delà de 31 000 milliards de dollars. Si la route n’est pas dégagée dans exactement 9 jours c’est la banqueroute, martèle le Trésor américain.
Toutefois l’agence de notation «s’attend» à une solution in extremis. Mais pour les experts la messe est déjà dite, partiellement du moins : «les risques ont augmenté que le plafond de la dette ne soit pas augmenté ou suspendu à temps et que le gouvernement commence à échouer à effectuer certains paiements».
Le président est coincé de toutes parts
Tout le monde est d’accord sur le fait que le pays a trop filé du mauvais coton trop longtemps, qu’il a dépensé plus que de raison en ne se souciant guère de la réduction du déficit. Même le camp du président, les démocrates, est d’avis qu’on ne peut plus continuer ainsi. Mais il y a les promesses de campagne de Biden sur la santé, le filet social pour les plus démunis, les infrastructures qui accusent un retard indigne des USA, etc. Des engagements que lui rappelleront ses électeurs en 2024.
Ces promesses coûtent cher et auront pour conséquence immédiate le creusement du déficit. La Maison Blanche n’a pas d’autre choix pour s’assurer les votes l’an prochain. En face Fitch veille au grain : si les USA n’honorent pas l’échéance de la dette qui tombe le 1er ou le 2 juin le couperet du défaut de paiement tombera aussi sec. Les échéances qui suivront dans les 30 jours seront alors considérées comme «très risquées» et là on descend à la note CCC.
Biden n’en mène pas large face à la sérénité financière en Chine
Bon, il y a très peu de chances qu’on en arrive à cette extrémité. Les républicains joueront la montre jusqu’au dernier moment avant de lâcher la carotte, avec une kyrielle de conditions pour stopper le chantage. Même leurs électeurs ne leur pardonneront pas de plonger le pays dans un tel chaos, sans parler de l’opprobre mondial que ça jetterait sur un pays dont l’hégémonie est disputée par la Chine. L’orgueil des Américains ça compte autant voire plus que le reste.
Fitch rassure en disant que dans tous les cas pour l’autre partie de la dette la notation ne bougera pas car les USA sont assis sur la plus grosse réserve d’argent de la planète. Mais de toute évidence ces bruits démontrent que les Etats-Unis ont beau revendiquer le statut de première économie du monde ils restent un géant financier aux pieds d’argile dont le sort est suspendu à quelques votes au Congrès. Biden n’a pas fière allure devant la sérénité financière à Pékin, quoi qu’il en dise.
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