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USA – Pénurie d’œufs : les supermarchés vides, Washington active la diplomatie agricole

USA – Pénurie d’œufs : les supermarchés vides, Washington active la diplomatie agricole

Les États-Unis font face à une crise inédite dans le secteur avicole. La propagation fulgurante de la grippe aviaire depuis le début de l’année 2025 a contraint les autorités à euthanasier plus de 30 millions de poules pondeuses.

Résultat : les rayons des supermarchés sont vidés de leurs œufs, les prix s’envolent et l’administration américaine se voit obligée de se tourner vers l’étranger pour combler le déficit.

« Nous parlons de centaines de millions d’œufs à court terme », a déclaré vendredi la ministre de l’Agriculture, Brooke Rollins, confirmant le recours à des importations en provenance de la Turquie et de la Corée du Sud. D’autres pays, non nommés, pourraient bientôt rejoindre la liste des fournisseurs.

Une production nationale sinistrée

L’impact de la grippe aviaire sur la filière avicole américaine est majeur. Non seulement la maladie a décimé une grande partie des élevages, mais la reconstitution des cheptels demande du temps : une poule pondeuse ne commence à produire qu’environ 18 semaines après son éclosion. Ce délai, combiné à une forte demande saisonnière à l’approche de Pâques, alimente une tension sur les prix et l’approvisionnement.

La Maison Blanche a salué une récente baisse des prix sur le marché de gros, attribuée à une légère accalmie de l’épidémie et à un repli de la demande. Cependant, cette diminution ne s’est pas encore répercutée sur les étiquettes dans les commerces. Le ministère de l’Agriculture s’est réjoui du recul des exportations, estimant que conserver davantage de production sur le marché intérieur aiderait à stabiliser les prix.

Appels à l’aide et diplomatie agricole

Face à l’urgence, Washington a entamé des négociations internationales. Outre la Turquie et la Corée du Sud, plusieurs associations européennes de producteurs ont confirmé avoir été approchées. En Pologne, la Chambre des producteurs de volailles a révélé que l’ambassade américaine à Varsovie l’avait contactée dès février. En Lituanie, l’Association nationale des producteurs d’œufs a fait état d’une demande similaire.

Toutefois, plusieurs responsables européens soulignent les contraintes actuelles. Les producteurs peinent déjà à répondre à la demande locale, et les conditions sanitaires strictes imposées par les États-Unis freinent les exportations. « Il faut souvent des années pour obtenir les autorisations nécessaires », a souligné Gytis Kauzonas, président de l’association lituanienne. Mais avec la pression croissante, « tout est possible », ajoute-t-il, évoquant la possibilité d’assouplissements exceptionnels.

Une politique commerciale en contradiction ?

Cette ouverture aux importations intervient dans un contexte de tensions commerciales accrues. Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a multiplié les mesures protectionnistes pour soutenir la production nationale. Des droits de douane ont été réintroduits ou étendus à plusieurs partenaires, notamment le Canada, le Mexique, la Chine et l’Union européenne.

Le paradoxe n’échappe pas aux observateurs : dans un pays qui entend promouvoir l’autosuffisance alimentaire, le symbole de l’œuf – produit de base – devient l’exemple même de la dépendance internationale face à une crise sanitaire.

Si la production nationale devrait se stabiliser dans les mois à venir, selon la ministre Rollins, l’épisode met en lumière la fragilité d’un système agricole soumis à des chocs sanitaires et climatiques de plus en plus fréquents. En attendant, les œufs américains continueront, pour partie, à venir d’ailleurs.

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