Aux États-Unis, la grogne monte chez les petits commerçants face aux droits de douane imposés par Donald Trump, même parmi ses électeurs les plus fidèles.
Entre hausse des prix, recul de la consommation et incertitudes économiques, les artisans de l’économie locale s’inquiètent d’un avenir de plus en plus incertain.
Une guerre commerciale aux conséquences concrètes
Dans une modeste boutique de farces et attrapes à Los Angeles, une commerçante constate une réalité glaçante : les clients dépensent moins. “Les gens arrêtent de dépenser et au lieu de faire une grande fête, ils en font une plus petite”, confie-t-elle à l’AFP. En cause : une flambée des prix, déclenchée par les nouveaux droits de douane décidés par la présidence Trump.
Depuis son retour à la Maison-Blanche, le président américain a relancé les surtaxes douanières sur les produits importés. Si un taux de 10 % est actuellement appliqué pour la plupart des pays, les marchandises en provenance de Chine sont désormais taxées jusqu’à 145 %. En représailles, Pékin impose une surtaxe de 125 % sur de nombreux produits américains.
Des hausses qui étouffent les indépendants
La commerçante, qui vend principalement des piñatas fabriquées en Amérique centrale, tente d’anticiper en constituant des stocks. Mais son fournisseur l’a déjà prévenue : les prochaines commandes seront plus onéreuses. Dans sa boutique de Granada Hills, les clients se font plus rares, prudents face à une conjoncture qu’ils jugent « imprévisible ».
Même son de cloche, qui tient une petite échoppe spécialisée dans les aspirateurs et machines à coudre. “Tout vient de l’étranger”, affirme-t-il. Face à la concurrence du e-commerce et aux hausses de prix à venir, il déclare : “Nous résistons comme nous le pouvons, mais ça va probablement empirer.”
Un barbier de profession est également frappé. Les lotions, shampooings et équipements utilisés dans son salon ne sont pas produits localement. Résultat : il doit désormais « faire attention » à leur utilisation, pour limiter les coûts. “Ces nouveaux droits de douane compliquent tout”, déplore-t-il.
Une base électorale en désillusion
Plus surprenant encore, même parmi les soutiens de Donald Trump, les critiques fusent. Un vendeur d’outils de jardinage, a voté pour le milliardaire républicain en 2024. Il ne s’attendait toutefois pas à une telle flambée : “Il était bon il y a quatre ans, mais maintenant, je ne sais pas”, dit-il avec amertume.
Importateur de produits japonais et européens, il reconnaît ne plus savoir “à quoi s’attendre” en termes de tarification. “Trump devrait penser à ce qu’il va dire ou faire avant d’agir de manière automatique. Il doit se calmer un peu”, lance-t-il.
Une équation commerciale risquée
Le climat de défiance s’installe dans les petites entreprises américaines, piliers de l’économie locale. Ces dernières paient déjà le prix fort d’une stratégie commerciale offensive, qui prétend protéger l’économie nationale, mais qui, dans les faits, pénalise l’ensemble de la chaîne de valeur.
Alors que les importations chutent, les prix montent, et les clients se replient. Pour beaucoup de petits commerçants, la question n’est plus de savoir s’ils peuvent s’adapter, mais combien de temps ils tiendront.
La guerre des droits de douane pourrait bien laisser des cicatrices durables sur l’économie réelle des États-Unis.
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