«En politique les promesses n’engagent que ceux qui y croient», a-t-on coutume de dire (c’est surtout feus le président Jacques Chirac et l’ancien ministre Charles Pasqua qui le disaient). Mais en l’occurrence le président américain Donald Trump se fera un malin plaisir de tenir ses engagements, lui qui a des comptes à régler avec tout et tout le monde. Sa photo officielle, qui reprend la posture du bref prisonnier qu’il a été, l’indique clairement : Ses adversaires et ennemis vont trinquer. Et il ira très vite, dès le premier jour de son mandat, demain lundi 20 janvier…
Un mandat sous le sceau de la vengeance, de la revanche
Trump s’est engagé hier samedi 18 janvier à signer un nombre «record» de décrets présidentiels tout de suite après sa prestation de serment à Washington. Il est déjà sur place depuis hier soir, prêt à s’installer à la Maison Blanche dès que Joe Biden la quittera, après un mandat mi-figue mi-raisin. Dans un entretien téléphonique avec NBC News le 47e président des Etats-Unis d’Amérique a déclaré qu’il n’a pas de chiffre exact sur ces décrets, il s’est borné à parler d’une centaine de textes, «au moins».
Le républicain a dit haut et fort durant la campagne électorale qu’il détricotera toutes les politiques de l’administration de Joe Biden. On avait peut-être sous-estimé sa volonté revancharde, vengeresse sur un pouvoir qu’il a toujours accusé de lui avoir volé l’élection de 2020 – il le croit dur comme fer!-, d’avoir bafoué ses droits devant la justice, de l’avoir humilié devant les tribunaux. Trump a complètement occulté sa responsabilité historique dans le naufrage de la démocratie américaine, de la morale et de la vertu en politique…
Un déni total. Mais à ce stade ça importe peu, les Américains l’ont choisi en toute connaissance de cause. Pour ce républicain obtus et à l’esprit étriqué c’est plus puissant que toutes les décisions de justice, que toutes les condamnations de la bien-pensance. Son blanc-seing et son chèque en blanc il les tient du peuple, rien ne l’arrêtera. Parmi ces décrets qui tomberont dès demain il y a le tour de vis sur la mouvance LGBT+ mais il y a surtout cette frappe massive sur les migrants illégaux.
“Dès que j’aurai prêté serment, je lancerai le plus grand programme d’expulsions de l’histoire américaine“, avait dit Trump lors d’un meeting. L’enfer des immigrés clandestins – qui seraient quelque 11 millions aux USA – “débutera très, très rapidement“, a redit le président hier samedi. “Je ne peux dire dans quelles villes car les choses sont en train de bouger“, a-t-il ajouté, après qu’un responsable de sa future administration a évoqué Chicago, ville démocrate…
“Il va y avoir des actions dans tout le pays. Chicago n’est qu’un endroit parmi d’autres“, a asséné sur Fox News Tom Homan, ex-directeur de l’agence pour le contrôle des frontières et de l’immigration (ICE) et qui pilotera la protection des frontières.
Le Parti républicain, la France, l’Allemagne et les autres devront avoir le courage de résister
Trump est fort et il ira sans doute plus loin sur des tas de sujets que la main tremblante de Biden. Mais aussi fort soit-il il «ne sera jamais assez fort pour être toujours le Maître», pour paraphraser le penseur Jean-Jacques Rousseau. La sagesse manquera à Trump, elle n’est pas dans son ADN, ses limites ce sont les autres, c’est la réalité du terrain qui le lui fixeront. Il ira aussi loin qu’il pourra, il revient à ses compagnons et aux camps d’en face de le stopper.
Le républicain va tailler dans le vif, dans ces administrations et cette fonction publique qu’il déteste, lui le grand apôtre de la réussite par l’entrepreneuriat privé, par tous les moyens. C’est pour cela qu’il s’est accoquiné avec le milliardaire Elon Musk. Ils sont dans le même d’esprit. Mais ces centaines de milliers de personnes qu’ils veulent virer qui les récupéra ? Qui recyclera tous ces gratte-papiers, qui n’ont fait que ça toute leur vie ?
Ces gens ont des familles, des obligations, des crédits à rembourser. Qui le fera à leur place ? De toute évidence on file droit vers une crise sociale sans précédent, avec des traumatismes sociaux aigus, des déséquilibres psychologiques profonds, dans un pays où il n’y a presque pas de filets sociaux pour retenir ceux qui tombent. Une dangereuse glissade, avec toutes ces armes sous la main…
A moins que Trump et Musk soient réveillés in extremis par leur propre camp, le Parti républicain, qui restera quand le président prendra sa retraite à 82 ans et quand le patron de Tesla, X, SpaceX, etc., retournera à ses affaires. Leurs compagnons sont des élus et ont donc des électeurs à bichonner. Ce sont des professionnels de la politique, pas des aventuriers comme Trump et Musk. C’est au Congrès et au Sénat d’arrêter ces derniers, au nom de leurs intérêts.
Pour ce qui est de l’étranger il revient à la France, à l’Allemagne, au Canada, aux partenaires de l’OTAN, à la Chine, etc., de réfréner les ardeurs du président américain. Ils devront avoir le courage de le faire. Trump est puissant, sans aucun doute, mais c’est surtout la puissance qu’il se donne qui terrorise ses adversaires. Exactement comme l’effet produit par le fameux «Haka» des guerriers néo-zélandais. Mais il y a encore plus fort que la puissance : la volonté de puissance, théorisée par Nietzsche. Que les challengers de Trump se secouent!
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