A la une

Usurpation et escroqueries : ce que l’on sait sur le faux haut fonctionnaire arrêté à Kasserine

Partager

Le parquet de Kasserine a ordonné la garde à vue d’un individu accusé d’usurpation de l’identité de directeur de cabinet de la présidence du gouvernement, a déclaré Imed El Omri, premier substitut du procureur de la République et porte-parole des tribunaux de Kasserine.

Des visites de contrôle frauduleuses dans des institutions publiques

Imed El Omri a précisé dans une déclaration à la radio Jawhara FM que l’individu en question a effectué, pendant dix jours, plusieurs visites d’inspection dans des administrations et établissements publics de la région de Kasserine, notamment l’hôpital régional et le commissariat régional à l’agriculture. Il aurait même exigé des inventaires de véhicules administratifs.

Selon la même source, une voiture administrative avait été mise à sa disposition pour ses déplacements et il avait recruté un chauffeur personnel.

Un simple standardiste devenu imposteur aux ambitions larges

Toujours selon El Omri, l’homme est originaire d’un gouvernorat voisin et travaillait auparavant comme standardiste. L’enquête a révélé qu’il a également escroqué plusieurs personnes dans d’autres gouvernorats en leur faisant croire qu’il pouvait leur rendre divers services en échange de sommes d’argent.

L’individu a été placé en garde à vue avec son chauffeur et une autre personne lui ayant loué un logement.

Des instructions données aux fonctionnaires et une voiture officielle à disposition

Dans une précédente déclaration, El Omri avait révélé que l’escroc avait réussi à berner plusieurs administrations publiques à Kasserine, en se présentant comme le directeur de cabinet de la présidence du gouvernement. Il aurait même donné des instructions aux agents, prétendant agir dans le cadre d’une mission officielle mandatée par la Kasbah.

Des témoins ont affirmé qu’il était allé jusqu’à infliger des sanctions à certains employés, tandis qu’un véhicule administratif lui avait été attribué, ce qui témoigne de la gravité de ses agissements.

Un réseau bien organisé selon un avocat

Dans le même contexte, l’avocat Imed Essebri a indiqué, toujours sur Jawhara FM, que « l’homme qui s’est fait passer pour le directeur de cabinet du chef du gouvernement a escroqué de nombreuses personnes dans plusieurs gouvernorats depuis environ un an ».

Essebri a précisé que « cet individu a fondé une association en prétendant qu’elle était affiliée à la présidence du gouvernement, et a ainsi trompé plusieurs personnes, notamment la secrétaire générale du gouvernorat de Tozeur et une ancienne directrice au commissariat régional à l’agriculture de Kairouan ». Une plainte pénale a été déposée à ce sujet pour escroquerie.

Un faux badge et des projets d’expansion nationale

L’avocat a ajouté que l’imposteur disposait d’un badge où figuraient son nom et sa fausse fonction, avec un sceau imitant celui de la présidence. La secrétaire générale citée s’était même engagée avec lui dans l’association, croyant qu’elle dépendait effectivement de la Kasbah.

D’après les premiers éléments obtenus, Essebri estime que l’individu pourrait être membre d’un réseau structuré. L’association en question aurait même participé à des réunions au sein de la présidence du gouvernement et prévoyait d’ouvrir des antennes dans plusieurs gouvernorats.

Des milliers de victimes potentielles, des gains frauduleux importants

L’avocat affirme que l’homme aurait escroqué des centaines, voire des milliers de personnes, notamment des ouvrières du textile et des petits agriculteurs. Il aurait perçu des sommes allant jusqu’à 15 000 dinars de la part de certains d’entre eux, leur promettant des services en retour.

Toujours selon Essebri, l’imposteur changeait régulièrement de numéro de téléphone, mais il était sous surveillance policière depuis un certain temps, jusqu’à son arrestation.

Une affaire qui soulève de nombreuses interrogations

Ce scandale met en lumière des failles préoccupantes dans les mécanismes de vérification au sein de certaines administrations locales. Comment un faux responsable gouvernemental a-t-il pu agir aussi longtemps sans être démasqué ? L’enquête en cours devra déterminer si l’escroc a agi seul ou s’il appartenait à un réseau structuré.

Ce dossier, au croisement de l’usurpation d’identité, de l’escroquerie et de la manipulation institutionnelle, pourrait bien être l’un des plus retentissants de l’année en matière de criminalité en col blanc en Tunisie.

En résumé, cet escroc a franchi de nombreuses lignes rouges, et les conséquences de ses actes risquent d’être particulièrement sévères…

Laissez un commentaire