Pékin réplique à Washington avec des vidéos percutantes et générées par IA
Alors que les nouvelles mesures douanières imposées par l’administration Trump continuent de faire polémique, les médias chinois sont passés à l’offensive… numérique. Le 3 avril 2025, deux clips vidéo générés par intelligence artificielle ont été diffusés sur les plateformes sociales par CGTN et New China TV, visant à illustrer les conséquences économiques négatives des tarifs américains sur la société.
Le message est clair : les droits de douane imposés par les États-Unis se retournent contre leur propre population, accentuant la précarité des classes moyennes et populaires, selon les récits mis en scène par Pékin.
Une satire musicale signée CGTN pour dénoncer la hausse des prix
La première vidéo, publiée par la chaîne publique d’information CGTN, s’intitule « Look What You Taxed Us Through ». D’une durée de 2 minutes 42, elle a été entièrement générée par intelligence artificielle et diffusée simultanément en anglais et en chinois. Le style est satirique, presque parodique, mais le fond se veut critique et alarmiste.
Les paroles font état d’une inflation galopante affectant le quotidien des familles américaines :
« Les courses coûtent un rein, l’essence un poumon. Vos “offres” ? Juste du vent. »
La vidéo évoque une baisse des salaires, une hausse des coûts et un impact disproportionné sur les foyers à faibles revenus, avec des images de familles américaines fictives confrontées à l’explosion des prix. La voix off résume le propos de manière cinglante :
« Les droits de douane frappent fort, les portefeuilles lâchent. »
CGTN souligne que ce qu’elle appelle le « Jour de la Libération » célébré par Washington en référence au retour du protectionnisme, signifie en réalité une régression sociale pour de nombreux Américains.
Un court-métrage de science-fiction signé New China TV
Le même jour, New China TV, média anglophone de l’agence officielle Xinhua, a mis en ligne un court-métrage de science-fiction intitulé « TARIFF ». Ce thriller, également conçu avec des technologies d’AIGC (contenu généré par IA), met en scène un humanoïde chargé d’appliquer les politiques douanières américaines.
Le scénario présente un robot, nommé TARIFF, dont la mission est de taxer les importations étrangères. Son créateur, le Docteur Mallory, lui confère une directive absolue :
« Vous protégerez nos industries, nos emplois, notre économie. »
Mais au fil du récit, le robot prend conscience des conséquences de ses actes :
« Les guerres commerciales. Les troubles. Les populations qui souffrent. Et les représailles. »
L’approche, bien que fictive, sert de métaphore puissante pour critiquer la logique protectionniste américaine, décrite comme autodestructrice.
Une contre-offensive médiatique appuyée sur l’intelligence artificielle
Ces deux productions marquent un changement de ton et de méthode dans la communication officielle chinoise. En misant sur l’intelligence artificielle, la Chine adapte ses outils narratifs aux standards des réseaux sociaux, tout en intégrant des codes culturels occidentaux (musique pop, science-fiction dystopique, satire visuelle) pour toucher un public international.
Elles participent d’une stratégie de propagande numérique modernisée, dans laquelle les médias publics se présentent comme des lanceurs d’alerte face à la politique économique américaine.
Des représailles économiques en parallèle du message médiatique
Au-delà du ton ironique des vidéos, la réponse de Pékin ne se limite pas à la communication. Le 4 avril, soit au lendemain de la publication des vidéos, la Chine a annoncé une surtaxe de 34 % sur l’ensemble des importations américaines, en réponse directe aux droits de douane imposés par l’administration Trump.
Cette mesure marque une nouvelle escalade dans la guerre commerciale qui oppose les deux premières puissances économiques mondiales. Elle intervient alors que Washington prévoit des droits de douane allant jusqu’à 50 % pour la Chine et 32 % pour Taïwan, selon plusieurs sources proches du dossier.
Une bataille de l’image dans un contexte géoéconomique tendu
La diffusion de ces vidéos s’inscrit dans un contexte de déstabilisation croissante du commerce mondial. En utilisant l’IA comme vecteur de soft power, Pékin cherche à expliquer des arguments contre la politique douanière américaine tout en gagnant la bataille de l’opinion internationale, notamment auprès des pays émergents et des classes moyennes occidentales touchées par l’inflation.
Reste à savoir si cette stratégie narrative, mêlant ironie, technologie et dénonciation, parviendra à influencer le débat public aux États-Unis et à freiner l’élan protectionniste voulu par Donald Trump.
Une chose est sûre : la guerre des mots et des images est désormais bien engagée.
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