Beaucoup de Tunisiens seront heureux d’apprendre que la France a repris sa place de “Premier acteur de la mobilité en Tunisie”. Après les gages donnés par l’ambassadeur de la France en Tunisie, André Parant, le nouveau consul de France, Dominique Mas – il n’est là que depuis 3 mois -, est passé sur une radio privée ce jeudi 12 janvier pour livrer les détails de ce nouveau tournant…
Le “Premier acteur de la mobilité” est de retour
D’abord un constat, pour planter le décor : On est sorti du tour de vis sur les visas pour cause de pandémie du Coronavirus ou en réaction aux atermoiements des autorités tunisiennes (l’Algérie et le Maroc également, même plus que la Tunisie) pour combattre l’émigration illégale et rapatrier les expulsés. La France, en vertu des efforts faits par Tunis, a fait sauter le verrou. Au point que le flux des étudiants tunisiens vers la France a repris sa densité normale – quelque 4400 étudiants présentement selon Dominique Mas – et les visas accordés pour des motifs d’ordre professionnel sont remontés à 7000 par an…
Dans ce total 2000 sont travailleurs saisonniers, c’est-à-dire ils partent en France pour aider ponctuellement les agriculteurs, les viticulteurs et maintenant dans les zones touristiques où la demande est forte. En effet beaucoup de Français ont redécouvert durant les périodes de confinement les joies d’une vie moins trépidante et donc aspirent à des emplois moins éreintants. C’est tout vu : ce sont les étrangers qui s’y colleront ; c’était aussi le cas auparavant mais la tendance s’est accentuée.
A côté il y a ces 5000 travailleurs tunisiens que la France reçoit chaque année et dans le tas il y a de vrais talents, des compétences qui feront le bonheur des entreprises françaises, de l’économie du pays. Le consul de France a fait état d’une hausse de 25% des visas long séjour, long séjour professionnel. Par ailleurs ce réservoir de bras et cerveaux tunisiens compense aussi le départ des Français – médecins, enseignants chercheurs, etc. – vers d’autres cieux (Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne…).
L’explication des 800 000 ressortissants tunisiens vivant en France elle est là aussi, et avec les 800 à 1000 demandes de visa par jour la diaspora tunisienne va gonfler dans l’Hexagone. Et avec elle les transferts des Tunisiens à l’étranger, lesquels pèsent actuellement 7% dans le PIB du pays, plus que le tourisme, argue le consul de France pour souligner la place de l’émigration dans le devenir de la Tunisie.
On a appris que 70% des visas Schengen sont délivrés par le Consulat général de France, et dans le lot 72 à 73% des dossiers sont acceptés et donc débouchent sur des visas dont 40% sont des longs séjours (6 mois, 1 an, 2 ans…). Et ces chiffres sont appelés à monter, a dit Dominique Mas…
L’envers du décor
Ces chiffres sont appelés à monter avant tout dans l’intérêt de la France, elle aussi embarquée dans cette compétition mondiale pour s’arracher les talents afin de requinquer des économies malmenées par la crise consécutive à la pandémie du Covid. Le consul de France a évoqué sans détours ces secteurs en tension pour lesquels la France doit de toute urgence fournir de la main d’oeuvre. Il le faut pour maintenir à flot des pans entiers de l’économie…
Mais ce qui manque à la France et qu’elle va piocher à l’étranger viendra prioritairement des pays francophones d’Afrique, et d’ailleurs le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin et tout le gouvernement français l’assument publiquement. Le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, le Sénégal, etc., savent ce qui leur reste à faire pour défendre eux aussi leurs chances dans cette course mondiale : Donner à leurs populations de bonnes raisons de rester, et ça commence par un développement harmonieux, par une espérance nouvelle.
Ces chiffres sont appelés à grossir parce que le président français, Emmanuel Macron, s’est engagé à résoudre la crise aiguë dans la santé publique, mais il faut savoir que cela se fera sur le dos des pays amis, maghrébins surtout. En effet tous ces médecins et infirmiers qui quittent en masse les hôpitaux publics français il faut bien les remplacer, ça tombe bien : Le personnel soignant tunisien, algérien et marocain a un gros appétit pour la France. Donc la solution est toute trouvée…
C’est tout le sens de “talent – professions médicales et de pharmacie”, un dispositif dénoncé dans une tribune par d’éminentes personnalités françaises qui accusent les autorités de signer la mort des secteurs médicaux chez les partenaires africains. Les signataires de ce texte ont demandé à Paris d’enterrer ce projet, mais on est à peu près sûr que leur texte restera lettre morte. Car il s’agit avant tout de faire passer les intérêts supérieurs de la France et on le comprend, les pays pillés n’ont qu’à faire ce qu’il faut pour défendre les leurs.
Même quand les restrictions sur les visas battaient leur plein la mobilité des ingénieurs et autres talents n’a jamais cessé, c’est une source qui n’a jamais tari et que les grands groupes français continuaient d’alimenter depuis la Tunisie et ailleurs. Et inutile de vous dire que la plupart de ces pépites ne reviennent plus en Tunisie, sauf pour y passer des vacances. A cela il faudra ajouter cet aspirateur géant de médecins que Paris va déclencher très prochainement.
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