Economie

Washington allège les restrictions sur les exportations de logiciels vers la chine

Les États-Unis viennent de lever plusieurs restrictions imposées ces derniers mois à l’exportation de logiciels critiques destinés à la conception de semi-conducteurs, ainsi qu’à la vente d’éthan, vers la Chine.

Cette décision, annoncée mercredi par le département américain du Commerce, intervient dans le cadre d’un accord commercial récemment conclu à Londres.

Selon les précisions des entreprises concernées, Synopsys, Cadence Design Systems et Siemens EDA – les trois géants mondiaux des logiciels d’automatisation de la conception électronique (EDA) – ont été officiellement informés que l’obligation de licence préalable pour leurs opérations avec la Chine ne s’appliquait plus.

Cette levée de contraintes vise à encourager une relance des relations commerciales, gelées après les restrictions sur les métaux rares imposées par Pékin.

Une détente sous conditions

La mesure s’inscrit dans les engagements pris lors d’un accord passé la semaine précédente à Londres. Washington s’est engagé à faciliter les exportations vers la Chine de plusieurs produits stratégiques, notamment les logiciels de conception de puces, l’éthan et même les moteurs à réaction. En échange, la Chine a promis d’accélérer les autorisations de vente de ses métaux rares essentiels, utilisés dans des secteurs aussi variés que les turbines éoliennes et l’aviation.

Cette évolution concrétise les termes d’un accord plus large amorcé à Genève un mois plus tôt. Elle se manifeste aussi par la levée, cette semaine, des conditions de licence imposées fin mai et juin à plusieurs entreprises américaines exportant de l’éthan.

Virage stratégique sur fond de rivalité technologique

Cette décision marque un tournant significatif dans la posture américaine. Depuis plusieurs années, les États-Unis utilisent les restrictions à l’exportation comme outil de dissuasion pour empêcher la Chine d’accéder à des technologies de pointe, notamment dans le domaine des semi-conducteurs et de l’intelligence artificielle à usage militaire.

En mai dernier, la Maison-Blanche avait ainsi durci sa position en étendant les restrictions aux logiciels EDA, essentiels à la conception de puces électroniques, y compris celles utilisées par des firmes comme Nvidia ou Apple. L’administration américaine souhaitait ainsi empêcher toute avancée technologique susceptible de renforcer les capacités militaires chinoises.

Mais selon Bloomberg, les limitations appliquées aux logiciels de conception avaient été particulièrement floues. Peu d’indications avaient été données sur ce qui pouvait ou non être exporté, ce qui a généré une grande incertitude chez les industriels concernés.

Pékin obtient une concession majeure

Pour la Chine, cette levée constitue une victoire stratégique. Depuis des années, Pékin militait pour inclure les contrôles à l’exportation dans les négociations commerciales, un point que les États-Unis refusaient jusque-là de discuter, invoquant des motifs de sécurité nationale.

La décision de Washington d’assouplir ces restrictions symbolise donc une concession notable, ouvrant la voie à un dialogue plus pragmatique sur les questions technologiques sensibles.

À l’ouverture des négociations à Londres, Kevin Hassett, président du Conseil économique national américain, avait d’ailleurs laissé entendre que les États-Unis pourraient « assouplir certaines règles jugées cruciales pour la Chine », notamment dans le domaine des semi-conducteurs.

Analyse 

L’allègement des restrictions américaines s’inscrit dans une logique de rééquilibrage des relations sino-américaines sur fond de dépendance technologique mutuelle. Si les États-Unis tentent de limiter l’accès de Pékin aux technologies de rupture, ils reconnaissent aussi la nécessité d’éviter un découplage brutal qui nuirait à leurs propres intérêts économiques. En parallèle, la Chine use de ses atouts – notamment sa position dominante sur les métaux rares – pour négocier des conditions plus favorables.

Cette détente, bien que fragile, démontre que la rivalité sino-américaine, loin de se résoudre dans la confrontation directe, se joue aussi dans des compromis commerciaux ponctuels.

Pour les entreprises technologiques des deux pays, cette trêve pourrait offrir un répit bienvenu dans un contexte mondial déjà tendu.

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