Dans un nouveau signe d’escalade entre les deux puissances nucléaires d’Asie du Sud, le Premier ministre indien Narendra Modi a annoncé jeudi que son pays pourrait bloquer l’accès du Pakistan à certaines ressources hydriques partagées, intensifiant ainsi la pression sur Islamabad à la suite de l’attentat meurtrier survenu au Cachemire en avril dernier.
S’exprimant lors d’un événement public, Modi a lancé un avertissement explicite : « Le Pakistan paiera un prix élevé pour chaque attaque terroriste. Ce prix sera payé par son armée, mais aussi par son économie. » Cette déclaration intervient un mois après l’attaque du 22 avril ayant coûté la vie à 26 personnes, majoritairement des pèlerins hindous, dans la région sous administration indienne du Cachemire.
Un bras de fer autour de l’eau
En réponse à cet attentat, que New Delhi attribue à des groupes armés soutenus par Islamabad, le gouvernement indien a annoncé la suspension partielle du traité de l’Indus, un accord historique signé en 1960 sous l’égide de la Banque mondiale. Ce traité régit le partage des eaux de trois grands fleuves – l’Indus, le Jhelum et la Chenab – qui prennent leur source en Inde et irriguent environ 80 % des terres agricoles pakistanaises.
La décision de l’Inde d’envisager la rétention de ses eaux a immédiatement suscité des préoccupations régionales. Toutefois, le ministre pakistanais des Finances a tempéré l’annonce en affirmant que la suspension « n’aura pas d’effet immédiat sur l’approvisionnement ». Islamabad n’a pas encore officiellement réagi aux propos récents de Modi.
Un contexte sécuritaire tendu
Le Cachemire, région disputée entre les deux pays depuis 1947, reste un foyer de tension permanent. Le dernier attentat est le plus meurtrier dans la zone depuis plusieurs années. Il a déclenché une flambée militaire, marquée par des échanges d’artillerie intenses et le déploiement massif de troupes des deux côtés de la frontière, dans ce qui est considéré comme l’escalade la plus grave depuis trois décennies.
Un cessez-le-feu a finalement été conclu le 10 mai dernier, mais les tensions diplomatiques restent palpables.
Une ressource stratégique devenue arme géopolitique
L’eau, bien que traditionnellement exclue des représailles dans les conflits bilatéraux, semble désormais devenir un instrument de pression dans la stratégie indienne. Le traité de l’Indus, considéré jusqu’à récemment comme l’un des rares accords bilatéraux à avoir résisté à toutes les crises indo-pakistanaises, se retrouve ainsi au cœur d’une crise politique et hydrique.
Le Pakistan, pays largement agricole, dépend fortement des eaux transfrontalières pour nourrir sa population et irriguer ses cultures. Toute réduction significative des débits pourrait avoir des conséquences économiques et sociales majeures, notamment dans le Pendjab, grenier agricole du pays.
La dernière déclaration de Narendra Modi marque un tournant potentiellement dangereux dans les relations indo-pakistanaises. Alors que les tensions militaires peinent à se dissiper, l’usage de l’eau comme levier de coercition stratégique risque d’aggraver une situation déjà explosive.
Les observateurs régionaux appellent à une médiation urgente pour éviter que cette escalade ne se transforme en crise humanitaire à grande échelle.
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