Alors que les appels à un dialogue national s’intensifient, notamment de la part de ses soutiens, le président Kaïs Saïed persiste dans son approche : le dialogue direct avec les citoyens. Une démarche qui s’est à nouveau illustrée ce mercredi 21 mai à Carthage.
Un appel à élargir la consultation nationale
En ce début de semaine, la formation politique “Tunisie en avant” a exhorté le président de la République à élargir la consultation politique en impliquant les différentes forces civiles, politiques et sociales du pays. À travers une déclaration sur les ondes de Radio Diwan, Abid Briki, secrétaire général du mouvement, a souligné l’importance d’une unité nationale autour des principes du 25 juillet, compte tenu du contexte intérieur, régional et international actuel.
Mouvement faisant partie du noyau du processus du 25 juillet, “Tunisie en avant” figure parmi les soutiens affirmés de Kaïs Saïed. L’appel lancé ne se positionne donc pas dans une logique d’opposition, mais bien dans celle d’un renforcement du dialogue structuré avec les forces vives du pays.
Une réponse présidentielle à sa manière
Moins de 48 heures après cet appel, le chef de l’État a choisi de répondre à sa façon : non par un discours officiel, ni par une concertation institutionnelle, mais en recevant deux jeunes citoyens tunisiens. Il s’agit de Walid Jedd, originaire de la délégation de Mazzouna dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, et Wissem Mejdi, de la ville de Bizerte.
Ces rencontres, loin des circuits traditionnels du pouvoir, s’inscrivent dans la politique dite de “proximité” que Kaïs Saïed a instaurée depuis son accession à la présidence. En multipliant ce type d’échanges directs avec des citoyens non affiliés à des partis ou à des organisations, le président cherche à réaffirmer sa vision du pouvoir : le peuple comme principal interlocuteur politique.
Une rencontre hautement symbolique
La date de cette rencontre n’a rien d’anodin. Elle s’est tenue le lendemain de l’adoption par l’Assemblée des représentants du peuple du projet de loi relatif à l’organisation des contrats de travail et à l’interdiction de la sous-traitance, une législation portée notamment par la volonté présidentielle.
Au lieu de s’entretenir avec le président du Parlement, dans une logique de coordination institutionnelle, Kaïs Saïed a préféré convoquer le peuple à travers ses représentants anonymes. Un geste à forte portée symbolique qui renforce sa posture de président en lien direct avec la base populaire.
“Le dialogue, c’est avec le peuple”
Lors de cette rencontre, le président a réaffirmé sa ligne :
« Les projets de textes se construisent sur votre volonté… Il y aura des rencontres avec des jeunes de différentes régions du pays, ceux qui veulent se sacrifier pour cette patrie et la construire ».
Cette déclaration résume le positionnement politique constant de Kaïs Saïed : un rejet implicite des médiations traditionnelles (partis, syndicats, élites), au profit d’une relation directe entre le chef de l’État et les citoyens.
Ce choix, qui divise les observateurs, apparaît comme une réponse implicite aux demandes répétées de dialogue structuré. En effet, plutôt que d’ouvrir les portes d’un dialogue institutionnalisé ou d’organiser des assises nationales, le président continue de tracer sa propre voie, misant sur le contact populaire et les échanges non formels comme moteur de l’action politique.
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