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Le chômage en Tunisie, un problème complexe et mal quantifié

Le chômage en Tunisie, un problème complexe et mal quantifié

La définition du chômage en Tunisie est relativement en écart par rapport à la norme internationale, en l’occurrence celle qui est déterminée par le Bureau International du Travail (BIT) puisque selon le Ministère de la formation professionnelle et de l’emploi, le chômage est la situation de la main-d’œuvre disponible à travailler qui est à la recherche d’un emploi mais qui ne réussit pas à en trouver.

Le BIT prend en considération un éventail d’éléments conceptuels pour définir et mesurer le chômage qui prennent en compte essentiellement le travail précaire et saisonnier, la délimitation des contours du travail dans le secteur agricole en milieu rural et l’affiliation sociale et fiscale des travailleurs.

Cet écart normatif influe largement les chiffres et les indices du chômage, mais dans tous les cas de figure, les données de l’Institut National de la Statistique (INS) révèlent une réalité amère celle d’un phénomène aux effets néfastes sur tous les plans.

Selon l’INS, le taux de chômage est de 15.1% et le nombre de chômeurs est d’environ 630 mille. Toutefois, les statistiques et la méthodologie de calcul n’apportent pas des précisons quant à la situation des journaliers, des demandeurs d’emploi non-inscrits aux bureaux d’emploi et surtout à l’estimation du nombre des travailleurs précaires, en particulier dans les micro-entreprises, sans couverture sociale et sans matricule fiscale dont le nombre avoisine 1 millions 600 mille soit 40% de la population active.

Sur un autre plan et pour l’ensemble de la période 1991-2018, on a enregistré un taux annuel de chômage de 14.92%. Le changement noté entre la première et la dernière année est de 3 %. C’est en 2011 qu’on a enregistré le taux le plus élevé (18.33%) et c’est en 2007 qu’on enregistre la valeur la plus basse (12.36%).

Ceci permet de constater que le niveau du sous-emploi est plutôt stable mais ce qui est remarquable c’est que la situation économique récente, marquée par le désinvestissement et un écart conséquent entre les taux de croissance du produit intérieur brut et les taux de croissance démographique (-1.7% en 2018), n’a pas eu d’incidence sur la quantification du chômage, ce qui pose plusieurs points d’interrogation.

Il est à noter que le taux de chômage en Tunisie est calculé, comme dans plusieurs pays, en nombre d’individus chômeurs par rapport à la population active, mais il serait utile, pour comprendre l’ampleur du problème et entamer un plan efficient pour le résoudre ou atténuer son envergure, de calculer le taux de chômage en se basant sur le nombre de ménages ou le nombre de chômeurs moyen par famille.

Ce type d’indicateurs serait une donnée utile pour avoir une approche objective de la situation, particulièrement sur le plan local et régional.

Enfin, le taux de chômage officiel de 15.1% dissimule des disparités facilement décelables et intrigantes. En fait, le même taux national déterminé pour les femmes s’élève à 35.5%, tandis que le taux de chômage à l’échelle nationale pour les diplômés du supérieur atteint 28.6 %. Par ailleurs, les données publiées par l’INS ne donnent pas de détails sur la répartition par région ni par catégorie de formation.

Cerner le phénomène du chômage et minimiser son impact, passe par la fiabilisation des données statistiques. Ce problème doit être perçu comme étant un déséquilibre économique global qui nécessite des solutions précises en se référant toujours aux normes adoptées en la matière.

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